jeudi 28 juin 2007

La main invisible du marché n'aime pas trop la concurrence.

Le monde nous apprend que :

le Conseil de la concurrence a sommé EDF, jeudi 28 juin, d'améliorer son appro- visionnement des autres fournisseurs d'énergie en électricité de gros d'origine nucléaire.

Pour résumer la chose, une boite nommée Direct Energie a pour modèle économique de racheter de l'électricité à EDF pour la revendre au public. Trouvant l'énergie d'EDF trop chère par rapport à ce qu'elle peut la revendre, elle est allé chouiner avec succès à l'état (via le conseil de la concurrence) pour qu'il force EDF à baisser ses tarifs.


Plusieurs conclusions marrantes sont à tirer de ça :

1) La libéralisation des marchés n'a rien à foutre de la concurrence, sauf quand ça rapporte aux gros.

2) Le marché libre c'est bien beau mais faut pas exagérer : les risques c'est pour les prolos, les patrons eux, il n'y a aucun problème à ce qu'ils soient protégés par l'état.

3) Il existe des entreprises dont le principe économique est qu'EDF leur vende de l'électricité pour nous la revendre après. Le tout sans bien sur apporter quoi que ce soit au processus, puisque EDF assure déjà la production et le transport. Mais pour que les capitalistes se fassent des couilles en or, il faut en plus qu'EDF se serre la ceinture.

Il est donc parfaitement clair que Direct Energie, ainsi que les autres boites du même type, ne sont que des parasites qui viennent se coller sur les lignes électriques pour y pomper du fric, telles de vulgaires sangsues. Ce parasite vient profiter des centrales, construites avec notre argent sur nos factures EDF. Il utilise notre investissement pour nous en vendre la production, sans rien apporter de plus.

A la réflexion, c'est plus proche du ténia que de la sangsue.




PS : La prochaine fois que vous allez dans un magasin, n'oubliez pas de demander une réduction pour revendre ce que vous avez acheté à la sortie avec une bonne marge.

PPS: bon texte de Dagrouik sur le même sujet.

Les chiffres, on leur fait dire ce qu'on veut

Suite au billet précédent, la PPQ (Petite Propagande Quotidienne) du PPA (Parti de la Presse et de l'Argent) bat son plein : le QVM publie aujourd'hui un article dans lequel il s'inquiète du recul de l'attractivité de la France par rapport aux autres pays (notamment la Chine, l'Inde, et l'Europe de l'est).

Bizarrement, les investisseurs souhaitent voir [L'Europe] s'engager plus fortement dans la flexibilité, la simplification des procédures administratives et le soutien à l'innovation ; c'est-à-dire leur filer des thunes, leur foutre la paix, et mettre sa main d'oeuvre à leur disposition. Ils aimeraient bien 100 balles et un mars, aussi.

Alarmé, le sénat a fait 29 propositions de réformes nécessaires (mots mis en valeur dans l'article original!). Répêtons donc que ces contre-réformes (et pas réformes) n'ont rien de nécessaire à notre économie...

mercredi 27 juin 2007

Quelques chiffres

5 : C'est le rang de la France pour le nombre de projets d'investissements étrangers accueillis sur le territoire, selon la société Oco Consulting. Notre pays se classe 9ème en nombre d'emplois créés par ces investissements (source: lemonde.fr). Pas mal pour un pays soit-disant en déclin et une économie prétendument brimée !

15 000 : C'est le nombre d'emplois détruits par an en France pour cause de délocalisation. Douloureux, immoral, mais à comparer aux 40 000 emplois créés par des entreprises étrangères chez nous (cf ci-dessus), et surtout au million d'emplois qui disparaissent et se créent en France chaque année, grosso-modo (source: lemonde.fr). Les flux trans-frontaliers de capitaux n'ont donc qu'un impact négligeable sur la situation globale de l'emploi.


Est-il donc vraiment nécessaire d'abaisser le coût du travail dans notre pays pour nous adapter à la mondialisation ? Ceux qui nous disent que c'est indispensable pour préserver l'emploi ne se foutraient-ils pas de notre gueule ?


Attention : le politburo ne prétend pas que finalement la mondialisation c'est bien et les délocalisations c'est pas grave, et qu'il ne faut pas s'y opposer. Ces 15000 emplois supprimés sont presque autant de drames humains, et la délocalisation d'un grand groupe est souvent une catastrophe économique et sociale locale voire régionale. Simplement, ces chiffres montrent que les délocalisations ne sont pas responsables du taux de chômage national, et que leur principale cause n'est pas le coût(*) du travail en France (sinon le phénomène serait beaucoup plus important et personne ne viendrait créer des emplois chez nous). Cela permet donc de tordre le cou à deux idées de la propagande libérale :

a/ Il est stupide de prétendre lutter contre le chômage en abaissant le coût du travail pour éviter les délocalisations (par exemple, en créant une "TVA sociale anti-délocalisation").

b/ Ceux qui délocalisent ne le font pas contraints et forcés par les conditions difficiles en France pour les patrons, mais par cupidité pour s'en mettre encore plus plein les fouilles.
La lutte contre ces procédés ignobles ne passe donc pas par un abaissement des cotisations sociales, mais par une moralisation de l'économie, par la loi, par la mobilisation sur le terrain contre chacun de ces projets, par l'enfermement au goulag de ces requins.


(*) Rappelons que le terme coût du travail est impropre puisqu'il s'agit en réalité de cotisations sociales, appelées aussi «salaires différés» puisqu'elles correspondent pour le salarié à des indemnités chômages, à une pension, à des congés maladies dont il bénéficiera éventuellement plus tard.

Vive la concurrence !

Dans cet article de liberation.fr consacré au péage urbain envisagé autour de Manchester, on remarque en passant une explication intéressante aux bouchons mancunniens.
La multiplication des bus aurait aggravé la circulation ? Le Royaume-Uni n’est pas à un paradoxe près. L’instauration, l’an passé, d’une loi sur la dérégulation du transport a en effet provoqué ce que la chronique locale retient comme «la guerre des bus». La multiplication de firmes privées a engendré un ballet incessant d’autobus qui rivalisent pour tenter de happer les usagers. Avec un autre effet pervers lié à la rentabilité : les quartiers les plus déshérités sont de moins en moins bien desservis.
Mais pourtant, la concurrence libre et non faussée doit apporter le progrès aux usagers, et la main invisible du marché doit réguler le processus et s'adapter au mieux à la situation, non ? On nous aurait menti ?

mardi 26 juin 2007

Quand le terme philosophe veut dire quelque chose

Encore un entretien intéressant à lire sur rue89: celui de Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste, à l'origine d'une vaste enquête nationale s’intéressant aux "dommages collatéraux" de la chasse aux enfants de clandestins, aux "victimes indirectes", témoins de violences aux portes des écoles ou de menaces pesant sur des enfants étrangers.

Extraits :
en réalité, c’est la société tout entière qui est traumatisée.
[...]
La société est une unité, qu’on le veuille ou non. Quand un enfant disparaît de la classe, c’est toute la communauté qui est amputée... Il n’y a pas de passivité possible.
Cela explique qu'immanquablement, les gens qui connaissent un sans-papier expulsé se mobilisent pour tenter de le retenir, alors qu'ils sont moins sensibles au sort de ceux qu'ils n'ont jamais vu. Quand on voit un membre de son environnement social disparaître, pour un prétexte somme toute futile, ça choque. Voir le billet que nous avions publié à propos d'une telle affaire en mars.

un clandestin choisit le risque de venir en France illégalement.
En effet, il convient au passage de rappeler que, au contraire de ceux qui leur déblatèrent dessus, ces gens à qui on demande d'aimer la France ou de la quitter ont risqué leur vie pour venir. On aimerait bien voir les Le Pen ou les Sarkozy se taper la traversée Afrique-France dans les mêmes conditions, ils seraient peut-être moins vifs pour dénoncer l'invasion après.

Reprenons :
Si le sort de ces enfants a touché les gens, c’est parce qu’on a franchi une ligne rouge: un clandestin choisit le risque de venir en France illégalement. Mais un enfant qui grandit ici, il est juste coupable d’être né de parents sans papiers. Il est d’abord condamné pour ce qu’il est. Ce qui rappelle évidemment de mauvais souvenirs dans l’Histoire.
C'est le moins qu'on puisse dire... Lire cet article fort bien argumenté sur la pertinence du parallèle avec les rafles de la seconde guerre mondiale.


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Post Scriptum : Tant qu'on y est, au lieu de vous farcir le numéro spécial UK de libé, allez lire ce nouvel entretien sur rue89 : Philippe Marlière, maître de conférences en science politique à l’université de Londres, qui a "survécu" au blairisme. Son analyse est limpide : Blair «est resté dans le cadre néolibéral fixé par Thatcher»...

lundi 25 juin 2007

Quand le terme intellectuel veut dire quelque chose

Juste quelques citations de Didier Éribon, interviewé sur Rue89, pour le plaisir :

Nous avons véritablement assisté, dans les années 1980 et 1990 à un phénomène de contre-révolution dans le domaine intellectuel, qui s’est donné pour tâche d’annuler tout ce que les années 1960 et 1970 avaient apporté et transformé dans la pensée de gauche.

Et le Parti socialiste -tout comme les journaux de gauche- aura été un des principaux réceptacles, un des principaux vecteurs mais aussi un des principaux acteurs de cette contre-révolution idéologique.

[...]
On a dit: la droite a gagné la bataille des idées. Ce n’est vrai que parce que la gauche a renoncé à mener la bataille, et a adopté ou ratifié les idées qu’elle aurait dû combattre.
[...]
On pourrait résumer la situation: le Parti socialiste a installé la force du Front national, puis a droitisé son discours pour récupérer les voix qu’il renvoyait lui-même au Front national par les politiques qu’il menait, et cette droitisation généralisée, l’emprise sur les consciences des visions de droite, des schèmes de perception de droite, a profité… à la droite.
[...]
On pourrait donc au contraire se demander: est-ce qu’une pensée et une politique de gauche peuvent se reconstruire aujourd’hui malgré ce qu’est devenu le Parti socialiste? L’innovation viendra assurément d’ailleurs, et dans une large mesure se fera contre le Parti socialiste.

Petite leçon de cohérence politique

Lu chez Dagrouik
Ségolène ROYAL : Il n'y avait pas que cela dans le pacte présidentiel. Mais, les idées-phares du projet socialiste, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel et qui n'étaient crédibles... Le SMIC à 1 500 euros brut, d'abord, les gens se disaient : "Mille cinq cents euros brut... d'abord, on parle en net", déjà. Ensuite, mille cinq cents euros brut, de toute façon, on va y arriver dans les 5 ans. Ensuite, ceux qui gagnaient juste au-dessus et qui étaient à 1 500 euros net, pensaient qu'on parlait d'eux. Et j'ai rencontré, combien de fois, des salariés qualifiés qui étaient à 1500 euros net, qui disent : "Mais enfin, on va devenir smicards". Donc, c'est... et puis, tous les salariés qui étaient dans les petites entreprises qui sont en difficulté, qui disaient : "Mais enfin, du jour..." qui comprenaient, eux, que du jour au lendemain, le SMIC allait passer à 1 500 euros net, se disaient que ce n'était pas crédible. Donc...
Pas lu chez Dagrouik:
... je vous le dis tout net : il ne faut pas augmenter le SMIC. Dans quel monde vivrons-nous si tout le monde se retrouve à 1500€ ? Un monde de smicards ? Qu'est-ce que vous préfèreriez ? Être pauvre ou vous faire traiter de sale smicard dans la rue ? Moi j'ai choisi. D'ailleurs si j'ai défendu cette proposition ce n'était que pour ne pas laisser à mon concurrent le monopole du foutage de l'honnêteté en politique. D'ailleurs je vous ais dit que je quittais François, mmmh ?

Repoussons les limites du foutage de gueule

Un garçon de 14 ans a été renversé samedi 23 juin à Marseille par une voiture de police. Alors qu'il traversait sur un passage piéton et que le feu était rouge pour les voitures, il a été projeté sur 20m par le choc ! Les flics roulaient à vive allure selon des témoins, ils n'avaient aucune urgence nécessitant de griller le feu rouge. Il est mort dimanche à l'hôpital des suites de ses blessures.

Dans un état policier, où le ministre de la police qui les a flattés pendant 5 ans est devenu président, c'est normal que les flics se sentent tout permis, au dessus des lois, et s'estiment en droit de brûler les feux et d'écraser les gueux. Dans un état de droit, ces faits sont un scandale et les policiers doivent être sanctionnés sévèrement, comme n'importe quel automobiliste qui commettrait ce genre de délit.

Que lit-on donc à ce sujet par exemple sur lemonde.fr ?

Que le conducteur assure avoir mis le gyrophare avant de franchir le feu rouge en doublant sur la gauche un autre véhicule arrêté. Ah ben ça change tout ! Il pouvait pas regarder un peu avant de traverser au vert, le gamin ? Quel imprudent ! D'autant plus que, bon, le maire des 13ème et 14ème arrondissements marseillais, Garo Hovsépian, nous rappelle que ce carrefour est "très accidentogène" : un jeune homme de 20 ans y avait trouvé la mort en 2003. Autrement dit, un accident daté d'il y a 4 ans justifie celui d'avant-hier, qui n'est même pas causé par la topographie du lieu mais juste par l'imp(r)udence du conducteur ; c'est magnifique. Avouez qu'ils vont chercher bien loin pour excuser les flics d'une faute impardonable...

Dommage que la victime ne s'appelle pas Mouloud, sinon ils auraient sans doute précisé qu'il était connu des services de police pour 36 affaires dont 3 tournantes, et que donc on portera pas le deuil, c'est bien fait pour sa peau.

Mais MAM nous rassure : "S'ils (les policiers) sont dans leur tort, il y aura des sanctions" (voir chez Fontenelle pour un commentaire brillant de cette citation). Or comme chacun sait, par définition les policiers n'ont jamais tort...

vendredi 22 juin 2007

Pourquoi le politburo n'est pas de droite

Pour ça.

et ça :


Sans oublier ça.


Idée repompée de chez CSP.

mercredi 20 juin 2007

Absolut Sarko


Tout a déjà été dit sur la fameuse vidéo de Sarkozy fin bourré lors d'une conférence de presse au G8, l'auto-censure incroyable des médias français, et la mauvaise foi de ceux qui trouvent mille bonnes raisons au chancelage du chancelier.

Mais quand lui-même raconte au Parisien (qui rapporte ses propos comme parole d'évangile) qu'il a découvert cette vidéo hier avec sa famille hilare, on atteint des sommets de grotesquitude abracadabrantesque. Il a dit :
«J'étais en retard, j'ai donc monté les escaliers quatre à quatre. Je n'avais rien de particulier à dire. J'ai donc demandé s'il y avait des questions. Je ne bois pas une goutte d'alcool. Je n'ai pas de mérite : je n'aime pas cela».
Et je ne mens jamais...

Pour un grand sportif qui fait du vélo et du jogging, monter des escaliers quatre à quatre ne devrait pas être exténuant. Sans compter que quand on est essoufflé, on ne titube pas en ricanant bêtement et en cherchant ses mots. Vous avez déjà monté des escaliers quatre à quatre, vous ? Ça vous a fait cet effet là ? À nous non.

D'autre part, quand on ne boit jamais d'alcool (et qu'on est petit), il est normal que le petit verre de vodka offert par Poutine et qu'on ne saurait refuser sans mettre en péril l'amitié franco-russe monte rapidement à la tête.

Bref, Sarkozy est coupable et sa plaidoirie vous en convaincra mieux que nous.


« Absolut Sarko ? C'est la meilleure ! »
a-t-il déclaré à notre envoyé spécial.

mardi 19 juin 2007

Tourisme

De retour du congrès fondateur de Die Linke, où il était invité comme toute l'élite intellectuelle de gauche européenne (quoi ? vous n'étiez pas ? ha ha ha! quel loser !), un membre du politburo de Vive Le Goulag est passé par Bonn. Dans la banlieue sud de cette ancienne capitale se trouve une ville célèbre dont il a tenu à nous ramener une carte postale :


OK, c'est pas facile de prendre une photo nette dans un train qui bouge, deuxième essai :


Bref.
Après avoir constaté que dans toute l'agglomération les panneaux indiquant Bad Godesberg font tourner à droite, il a lui-même pieusement fait son Bad Godesberg (en pissant sur l'un de ces panneaux), avant de repartir vers d'autres cieux. Après ça, qu'on ne vienne pas nous reprocher notre manque de modernité!

Grüße aus Bad Godesberg.

De l'honnêteté comme principe moteur de la politique.

La droite a trouvé la cause de la déception du résultat des législatives, qui lui offrent une majorité beaucoup moins large que prévu par l'institut CSA (voir chez Birenbaum). Il s'agit de l'annonce publique du projet de la "TVA Sociale". En effet, un responsable de l'UMP estime qu'on ne gagne pas une élection en annonçant des hausses d'impôts. Jean-Claude Mignon va un peu plus loin en déclarant que "l'annonce sur la TVA a été un faux pas. (...) Il va falloir éviter à l'avenir une erreur aussi inimaginable.", et Patrick Devedjian fustige ceux qui ont "laissé croire à une partie de l'électorat qu'il pourrait y avoir une atteinte au pouvoir d'achat ou une brutale augmentation des impôts". (source: lemonde.fr)
Fillon et Sarkozy doivent bien être d'accord, eux qui ont ramé toute la semaine pour tenter de nous rassurer, genre "oui mais non c'est pas sûr", "on le fera pas si ça implique une hausse des prix" (or ce concept implique mathématiquement une hausse des prix, au moins sur les produits importés), "on vous fournira la vaseline avant", etc...

Ce discours est particulièrement énervant, pour au moins 3 raisons.

1) Sur le fond, une hausse d'impôt doit être synonyme de hausse de moyens pour l'état, les services publics, le système social. Donc ce n'est pas forcément négatif, au contraire. Le problème est la répartition des recettes et des dépenses. Une hausse de l'impôt sur le revenu sur les plus hauts salaires ou de l'ISF ne devrait pas être impopulaire chez la majorité de la population (à moins que la majorité ne s'inquiête déjà pour les millions qu'elle gagnera en travaillant plus ou en passant sur TF1). Cette conception purement négative de l'impôt est stupide ; elle est de droite.

2) Si cette mesure est si impopulaire, le principe de la démocratie voudrait qu'elle soit abandonnée. L'UMP se met donc dans la merde uniquement parce qu'elle veut aller à l'encontre des volontés du peuple, et c'est bien fait pour sa gueule. Ce n'est pas "l'annonce sur la TVA" qui est un "faux-pas", mais l'idée même de cette TVA, dite "sociale" pour faire joli.

3) Si on résume, ces braves gens nous disent que leur erreur a été de parler de ce qu'ils veulent faire juste avant une élection ! Ils estiment qu'ils auraient dû garder secrètes leurs intentions, et mentir sciemment aux français le temps de gagner les législatives, pour pouvoir ensuite appliquer tranquillement leurs réformes dont personne ne veut, et les faire passer à l'Assemblée pendant les vacances d'été. Ils considèrent que leur erreur a été uniquement de dévoiler leurs projets juste avant une élection ! (ça vaut le coup de le réécrire tellement c'est énorme).

vendredi 15 juin 2007

Petite propagande quotidienne (2)

C'est maintenant de notoriété, la candidate UMP de Sarcelles s'est fendue de déclarations racistes particulièrement nauséabondes (voir par exemple ci-dessous). Le Monde, quotidien de référence, va-t-il enquêter sur ces propos et dénoncer vertueusement le racisme, va-t-il nous informer sur les sanctions légales qu'elle mérite, va-t-il s'indigner qu'une candidate à la députation puisse se dire répugnée par l'idée de coucher avec une personne de couleur ?

Non.

Le Monde va nous parler de la "Polémique autour de propos racistes attribués à Sylvie Noachovitch". Le Monde ne nous parle pas de ces propos (révélés par le Canard Enchaîné, et confirmés par un témoin), Le Monde nous parle des réactions à ces propos "supposés". Le Monde ne nous dit pas que Noachovitch est selon toute vraissemblance profondément raciste, mais nous informe que la blogosphère s'agite, que SOS Racisme a exigé des excuses, etc. Qui a parlé de noyer le poisson ?

Autrement dit, quand les sages (Le Canard Enchaîné, SOS Racisme...) montrent la Lune (les propos de Mme Noachovitch), Le Monde regarde le doigt, et le décrit à ses lecteurs.
Ça c'est de l'information !


PS: Souvenez-vous, la même tactique avait été employée au sujet de l'affaire de l'appartement de l'île de la Jatte si habilement négocié par notre Lider Minimo.

La minute de lucidité de M. Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon, sénateur Socialiste et ancien partisan du NON au TCE, a donné une interview à L'Humanité, à l'occasion de sa présence au congrès fondateur du parti allemand Die Linke (la gauche), issu de dissidents du SPD (le PS local). Des extraits de cet entretien ont été repris par l'AFP, puis servilement recopiés par les journalistes d'investigation du Monde.

Recopions à notre tour les extraits les plus intéressants :

«L’Allemagne et la Grande-Bretagne sont le coeur de la social-démocratie internationale. Dans ces deux pays aujourd'hui, les sociaux-démocrates sont des acteurs enthousiastes du démantèlement de l’État social qu’ils ont eux-mêmes construit. Ils arrivent ainsi au bout de la politique d’accompagnement de la mondialisation libérale.»

Il est utile de rappeler que l'auteur de ce constat n'est pas membre de la LCR mais du PS.

Voudrait-il s'inspirer de l'exemple allemand et créer un nouveau parti de gauche, qui ne soit pas social-démocrate-mou-libéral ?
«J’y vois une des issues possibles de la crise de la gauche en France. C’est celle que je privilégie à cette heure.»
[...]
«La gauche du PS est de plus en plus un alibi pour ce parti. Elle n’est plus admise à jouer un rôle actif dans le mouvement socialiste. [...] Les choses se sont [...] aggravées avec les surenchères vers le centre. La question du divorce commence à être posée. Elle n’est toutefois pas tranchée.»

Mais encore ?

«Un projet alternatif doit avoir trois caractéristiques : être républicain, de gauche et gouvernemental. Sur ces points, la convergence est extrêmement avancée entre PRS [Pour la République Sociale, le mouvement de Mélenchon] et le PCF d’aujourd’hui. Reste le facteur déclenchant : la décision des communistes.»


Bon, ben on dirait qu'on avance vers quelque chose d'intéressant, là, non ?

Laissons le PS sombrer tout seul dans les marécages du centre pendant que l'orchestre continue à jouer (Hollande à la baguette, Royal à contre-temps, DSK au violon, Fabius au pipeau, Montebourg au triangle, et Lang à la table de mixage), et créons un vrai parti gouvernemental de gauche, genre le PS des années 70. Il y a clairement un espace à occuper entre le PS boboïsé et bayrouté et LO.

Notons toutefois qu'en Allemagne, alors que les législatives avaient donné sur 613 sièges 222 au SPD, 51 aux Verts, et 54 au LinksPartei (ancètre de Die Linke), le SPD a refusé de former une coalition avec ces 2 partis et a préféré s'allier à la CDU/CSU (l'UMP locale). Le SPD a donc fait le choix de la droite plutôt que de la gauche.
Est-ce bien surprenant ?

Sans tabous ni complexes

Ils nous avaient prévenus, ils n'auront ni tabous ni complexes.

Du moins en ce qui concerne la haine de classe et les déclarations racistes.

Commençons par Copé qui considère ses opposants de gauche comme autant de «cloportes» et de «résidus». Source : CSP

Poursuivons avec Sylvie Noachovitch qui, en digne récupératrice des électeurs du FN, déclare : « Mon mari peut dormir tranquille. Dans ma circonscription, il n'y a que des Noirs et des Arabes. L'idée de coucher avec l'un d'entre eux me répugne.». Source : Birenbaum


Quelle belle droite que voilà ! Tendre et délicate, humaine et tolérante !

Comme le dit l'ami CSP, voilà des gens respectueux de l'autre, avec qui on peut débattre sereinement.

Qu'est-ce qu'on a bien fait de sauver la démocratie des griffes du fascisme en 2002 !



PS : En passant, comme ça, par hasard, n'y voyez surtout pas une idée derrière la tête, les membres du politburo tiennent à signaler qu'eux sont tout-à-fait prêts à coucher (et plus si affinité) avec des noires et des arabes. Avec des pas noires et des pas arabes aussi d'ailleurs.

mercredi 13 juin 2007

TVA Bonheur

Le premier ministre, M. Fion, tient à nous faire savoir que sa brillante idée de TVA-sociale devrait plutôt être nommée «TVA-anti-délocalisations».

Voici le concept : les charges sociales (qui pèsent insupportablement sur nos entreprises) seront allégées et remplacées par une TVA qui devrait rapporter un montant équivalent, affecté aux mêmes postes budgétaires. Voyant leur fardeau s'alléger, les entreprises pourront baisser leurs prix, de sorte que l'opération sera insensible pour le concommateur français, tandis que leurs exportations seront favorisées. Du même coup, les produits importés, eux-aussi soumis à la TVA-sociale, seront défavorisés sur le marché français, Cocorico. Ce scénario idyllique a fait dire à Guy Carlier ce matin qu'on devrait plutôt l'appeler la TVA - contre - ces - enfoirés - de - chinois - qui - nous - balancent - leurs - produits - de - merde - fabriqués - par - des - enfants - et - tous - ceux - qui - sont - contre - sont - des - mauvais - français. Et Laurence Parisot s'est réjoui in peto en ces termes : «faire payer nos charges sociales par tous les français, on n'avait pas osé le demander». Bref, tout va bien.

Toutefois, trois questions se posent :

- Est-ce faire preuve de mauvais esprit que d'imaginer que nos chères entreprises pourraient profiter de ce cadeau pour simplement accroître leurs bénéfices sans baisser leurs prix, voire même pour se payer un plan social et délocaliser parce que TVA-sociale ou pas, la Chine, c'est bien plus intéressant ?

- Est-ce faire preuve d'un esprit particulièrement retors que d'imaginer que les exonérations de charges sur les entreprises du luxe par exemple pourraient être compensées par une TVA sur des produits classiques ? Rien ne dit que la répartition des recettes de ce dispositif sera la même qu'avant, et on pourrait envisager que les plus pauvres seront encore les dindons de la farce, tant une baisse des prix ou une hausse des salaires semblent peu probables.

- Est-ce faire preuve d'un comportement dangereux et révolutionnaire que de pousser le raisonnement jusqu'à son terme et conclure que la libéralisation mondiale des échanges n'amène que du dumping social à l'échelle mondiale et qu'il vaudrait mieux y renoncer, ou (folle utopie) exiger des droits du travail acceptables et appliqués dans tous les pays du monde ?


Question subsidiaire : Est-ce que ces chantres du libéralisme et de la concurrence libre et non faussée ne se contredisent pas lorsqu'ils cherchent par tous les moyens à faire du protectionnisme qui n'ose pas dire son nom ? Seraient-ils de vils hypocrites ?


Post-Scriptum : Le Goulag manque de place mais est disposé à libérer de l'espace pour accueillir le génial communiquant qui a trouvé le nom de «TVA sociale».
Qualifier de «sociale» l'augmentation de l'impôt le plus anti-social et inégal qui soit (puisque son niveau de prélèvement décroit avec l'augmentation des revenus) méritait bien cette récompense.

lundi 11 juin 2007

La croissance au goulag !

La Chine est comme chacun sait un pays merveilleux, fort d'un milliard de consommateurs, en plein développement, avec un taux de croissance qui fait se pâmer nos économistes locaux, et une productivité qui incite nos patrons à la délocalisation. Il faut dire que là-bas, au moins, ils se lèvent tôt pour bosser, et plus de 35h par semaine, croyez-le bien. Ils savent ce que c'est que la valeur travail, eux ! À tel point qu'ils viennent de trouver 32 ouvriers esclaves dans une briqueterie, qui étaient forcés à travailler de 5h du matin à 1h du matin, généreusement nourris (au pain et à l'eau) et logés (dans des pièces sans chauffage ni lumière ni matelas) par leur patron (lemonde.fr). Voilà, ça, c'est du coût du travail réduit, ça c'est de la compétitivité !

Et ce pays, qui a réussi à obtenir les Jeux Olympiques (alors que la France qui tombe n'en est plus capable depuis au moins 1992), va également rentabiliser à mort cet événement planétaire : les produits dérivés des J.O., souvenirs de Pékin 2008, sont fabriqués (selon la tradition ?), par des enfants, nous raconte brièvement le monde. Là encore, on ne peut qu'applaudir cet effort d'éducation par le travail, d'apprentissage à 12 ans, et d'efficacité économique : "Recours à la main-d'œuvre infantile", "salaires représentant la moitié du salaire minimum légal", "horaires à rallonge", travail "dans des conditions insalubres et dangereuses", "travailleurs obligés de mentir aux inspecteurs indépendants", "non-déclaration à la sécurité sociale", mentionne le rapport de l'orgaisation PlayFair 2008. Foin d'archaïsme et de syndicalisme ! Tout cela devrait rapporter 70 millions de dollars à l'organisation des Jeux et 225 aux fabriquants.

On se demande ce qu'attendent les Éric Le Boucher, Laurence Parisot, et autres cuistres pour nous rappeler de prendre modèle sur la Chine et sa croissance si merveilleuse qui produit des richesses pour le bonheur de l'humanité. Dès mardi matin, France Inter a cité cette information en la minimisant et en assurant que tout rentrerait dans l'ordre au plus vite pour les J.O. ; aucun lien avec la fabuleuse productivité chinoise n'a été tissé, il n'a pas été envisagé que ce scandale était une conséquense logique du libéralisme éffrené.

Mais on sait déjà que le prochain qui nous dira qu'il faut «s'adapter au monde réel», «tenir compte de l'économie globalisée», «être réaliste», «accepter la concurrence» aura gagné un CDI dans notre section «réhabilitation et joie de vivre par le travail» pour s'être fait complice et promoteur de l'esclavage et du travail des enfants.

Là, il pourra casser des cailloux 18 h par jour, 7 jours par semaine au tarif imbattable d'une soupe à l'eau claire pour 10 tonnes de cailloux.

vendredi 8 juin 2007

Petite propagande quotidienne

Dépêche AFP :

Mais la demande en champagne dans le monde est telle que les grands groupes français devraient être amenés à augmenter leurs prix plus vite que l'inflation.

«Devraient être amenés». Bien sûr ces pôv' producteurs de Champagne n'auront d'autres choix que d'augmenter leurs prix. Rien à voir avec le désir de s'en foutre plein les fouilles et de profiter de la situation, qu'elle idée ?


De bons capitalistes ne feraient pas ça, pas du tout, qu'allez vous penser ?

mardi 5 juin 2007

Carte de guerre scolaire

Bonjour petits amis, Aujourd'hui, le politburo va s'intéresser aux conséquences de la suppression de la carte scolaire.

Pour ce faire, on a emprunté Léonid au camarade MC.





Bonjour camarade.

Добрый день

En français s'il te plait.

Pardon. Bonjour.

Alors Léonid, quel est l'effet de la carte scolaire sur la mixité sociale ?

La réponse n'est pas trop compliquée : la carte scolaire est, comme son nom l'indique, une organisation géographique de la répartion des élèves. Dans la mesure où ces zones sont continues, c'est à dire qu'on ne mélange pas les élèves venus de zones différentes, elle n'est pas très efficace pour mélanger les classes sociales (qui sont elles aussi ségréguées géographiquement).


Par contre, quelles conséquences peut-on attendre de la suppression de la carte ?

Là aussi ce n'est pas très compliqué bien qu'il faille analyser cela selon deux échelle de temps.

À court terme, les écoles des quartiers riches (de bon niveau) et les écoles des quartiers pauvres (de bas niveau) ne vont voir que peu de différences : quelques uns des meilleurs élèves des quartiers populaires, ceux qui pourront se le permettre, iront dans les bonnes écoles, qui elles-même élimineront les élèves les moins performants qu'elles étaient obligées d'accepter.

Par contre pour les écoles intermédiaires, où les élèves ont une origine sociale diverse, cela va être plus dramatique. On va assister à une segmentation radicale, les plus riches (ainsi qu'une minorité de très bon élèves) allant dans les meilleures écoles et les autres étant regroupés dans des établissement où ils seront destinés à l'échec.

Il y aura donc d'un côté les écoles de la réussite et de l'autre les écoles de l'échec, à la différence de maintenant où le peu de mixité sociale aplanit ces différences.


Ceci va déterminer l'évolution à moyen terme. Puisqu'il n'y a plus que l'école des «bons» et celles des «mauvais», pourquoi encore financer largement l'école des «mauvais» ? Surtout que les élèves n'étant plus obligés d'aller à l'école de leurs quartiers, il ne sera sensé n'y rester que les «cancres» ?


Poser la question, c'est déjà y répondre.

Exactement. On va avoir une stratification en deux couches sociales telle que l'on ne l'a pas vue depuis longtemps.


Mais alors, comment peut-on imaginer que laisser le choix à tous permettra à chacun d'obtenir la meilleure école ?


On touche sur cet exemple la limite du système libéral : un choix théorique est en pratique limité à une élite.

Tout le monde ne peut pas aller à Henri IV, c'est un fait ; donc il vaut mieux essayer d'imposer de la mixité sociale dans tous les établissements et accorder des moyens accrus pour les écoles des quartiers défavorisés.

C'est simple et évident mais bien sûr personne n'en parle au 20 heures. La méthode employée est classique : on fait passer la loi à l'assemblée qui nous est de toute façon acquise et la propagande fait le reste (et je peux vous dire que je m'y connais en propagande).


Effectivement. Merci pour ton analyse Léonid.

De rien camarades.



À bientôt les petits amis pour une nouvelle leçon de privatisation des services publics avec discrétion et fourberie. La prochaine fois, nous verrons la sécurité sociale avec Léon (s'il s'est remis de sa séance d'alpinisme)...