mardi 26 juin 2007

Quand le terme philosophe veut dire quelque chose

Encore un entretien intéressant à lire sur rue89: celui de Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste, à l'origine d'une vaste enquête nationale s’intéressant aux "dommages collatéraux" de la chasse aux enfants de clandestins, aux "victimes indirectes", témoins de violences aux portes des écoles ou de menaces pesant sur des enfants étrangers.

Extraits :
en réalité, c’est la société tout entière qui est traumatisée.
[...]
La société est une unité, qu’on le veuille ou non. Quand un enfant disparaît de la classe, c’est toute la communauté qui est amputée... Il n’y a pas de passivité possible.
Cela explique qu'immanquablement, les gens qui connaissent un sans-papier expulsé se mobilisent pour tenter de le retenir, alors qu'ils sont moins sensibles au sort de ceux qu'ils n'ont jamais vu. Quand on voit un membre de son environnement social disparaître, pour un prétexte somme toute futile, ça choque. Voir le billet que nous avions publié à propos d'une telle affaire en mars.

un clandestin choisit le risque de venir en France illégalement.
En effet, il convient au passage de rappeler que, au contraire de ceux qui leur déblatèrent dessus, ces gens à qui on demande d'aimer la France ou de la quitter ont risqué leur vie pour venir. On aimerait bien voir les Le Pen ou les Sarkozy se taper la traversée Afrique-France dans les mêmes conditions, ils seraient peut-être moins vifs pour dénoncer l'invasion après.

Reprenons :
Si le sort de ces enfants a touché les gens, c’est parce qu’on a franchi une ligne rouge: un clandestin choisit le risque de venir en France illégalement. Mais un enfant qui grandit ici, il est juste coupable d’être né de parents sans papiers. Il est d’abord condamné pour ce qu’il est. Ce qui rappelle évidemment de mauvais souvenirs dans l’Histoire.
C'est le moins qu'on puisse dire... Lire cet article fort bien argumenté sur la pertinence du parallèle avec les rafles de la seconde guerre mondiale.


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Post Scriptum : Tant qu'on y est, au lieu de vous farcir le numéro spécial UK de libé, allez lire ce nouvel entretien sur rue89 : Philippe Marlière, maître de conférences en science politique à l’université de Londres, qui a "survécu" au blairisme. Son analyse est limpide : Blair «est resté dans le cadre néolibéral fixé par Thatcher»...

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