vendredi 15 juin 2007

La minute de lucidité de M. Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon, sénateur Socialiste et ancien partisan du NON au TCE, a donné une interview à L'Humanité, à l'occasion de sa présence au congrès fondateur du parti allemand Die Linke (la gauche), issu de dissidents du SPD (le PS local). Des extraits de cet entretien ont été repris par l'AFP, puis servilement recopiés par les journalistes d'investigation du Monde.

Recopions à notre tour les extraits les plus intéressants :

«L’Allemagne et la Grande-Bretagne sont le coeur de la social-démocratie internationale. Dans ces deux pays aujourd'hui, les sociaux-démocrates sont des acteurs enthousiastes du démantèlement de l’État social qu’ils ont eux-mêmes construit. Ils arrivent ainsi au bout de la politique d’accompagnement de la mondialisation libérale.»

Il est utile de rappeler que l'auteur de ce constat n'est pas membre de la LCR mais du PS.

Voudrait-il s'inspirer de l'exemple allemand et créer un nouveau parti de gauche, qui ne soit pas social-démocrate-mou-libéral ?
«J’y vois une des issues possibles de la crise de la gauche en France. C’est celle que je privilégie à cette heure.»
[...]
«La gauche du PS est de plus en plus un alibi pour ce parti. Elle n’est plus admise à jouer un rôle actif dans le mouvement socialiste. [...] Les choses se sont [...] aggravées avec les surenchères vers le centre. La question du divorce commence à être posée. Elle n’est toutefois pas tranchée.»

Mais encore ?

«Un projet alternatif doit avoir trois caractéristiques : être républicain, de gauche et gouvernemental. Sur ces points, la convergence est extrêmement avancée entre PRS [Pour la République Sociale, le mouvement de Mélenchon] et le PCF d’aujourd’hui. Reste le facteur déclenchant : la décision des communistes.»


Bon, ben on dirait qu'on avance vers quelque chose d'intéressant, là, non ?

Laissons le PS sombrer tout seul dans les marécages du centre pendant que l'orchestre continue à jouer (Hollande à la baguette, Royal à contre-temps, DSK au violon, Fabius au pipeau, Montebourg au triangle, et Lang à la table de mixage), et créons un vrai parti gouvernemental de gauche, genre le PS des années 70. Il y a clairement un espace à occuper entre le PS boboïsé et bayrouté et LO.

Notons toutefois qu'en Allemagne, alors que les législatives avaient donné sur 613 sièges 222 au SPD, 51 aux Verts, et 54 au LinksPartei (ancètre de Die Linke), le SPD a refusé de former une coalition avec ces 2 partis et a préféré s'allier à la CDU/CSU (l'UMP locale). Le SPD a donc fait le choix de la droite plutôt que de la gauche.
Est-ce bien surprenant ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Clémentine Autain va également dans le même sens ...
http://clementineautain.fr/2007/06/15/die-linkie-ou-le-bon-air-allemand
allez, on arrivera bien à faire bouger les lignes ...
J.Fr.

vlg a dit…

Merci pour le lien camarade.

Dray a déclaré que le sursaut de la gauche au deuxième tour ne devait pas empêcher le PS de faire son inventaire et de changer ; c'est probablement pas dans le sens qu'on souhaite, mais ça pourrait faire bouger les lignes en effet... Espérons !