mercredi 9 mai 2007

Quoi ma gueule ? Tu te foutrais pas un peu de notre gueule ?



Voilà-t-y pas que l'immense artiste Jean-Philippe Smet annonce qu'il revient en France, suite à la défaite électorale des ignobles hordes bolcheviques.

Le multimillionnaire Smet, dont le revenu annuel se chiffre en centaines si ce n'est en milliers de smic, se plaignait de payer trop d'impôts en France.

Mais d'où vient son argent ? de son ardeur au travail ?

Peut il vraiment justifier d'un temps de travail ou d'une pénibilité de travail plusieurs centaines de fois supérieure à un individu normal ?

Non.


Travaille-t-il 500 fois plus longtemps que mon voisin smicard ?

C'est grotesque.

Son métier est-il 500 plus pénible que celui de mon voisin maçon ?

L'idée est pitoyable.


Non, son fric vient du fait que des gens se lèvent le cul tous les matins pour bosser et profitent de leur argent durement gagné pour s'accorder des petits plaisirs en achetant les CDs de Smet à un prix exorbitant. Prix exorbitant qui lui permet de faire des marges énormes sur le dos de ceux qui travaillent.

Son fric vient du fait qu'il y a (pour combien de temps encore) un état social suffisamment performant pour que les gens n'aient pas à économiser le peu qui leur reste à la fin du mois pour se payer des soins, la fac de leur gamin ou pour leur future retraite. Mais qu'ils peuvent le dépenser en CD trop chers.

Son argent vient aussi, et il ne faut pas l'oublier, de grasses subventions fournies par la collectivité. Non seulement par des subventions qu'il touche par le biais de spectacles subventionnés mais surtout par la taxation de CD, cassettes et matériel informatique au nom de la copie privée.

Matériel dont d'ailleurs seule une petite partie sera utilisé pour sauvegarder ou copier de la musique (et une infime partie de celle-ci sera celle de Smet), mais dont la totalité sera reversé aux organismes de gestions de droits musicaux qui à leur tour en reverseront beaucoup à Smet.

Pour résumer, si Smet est multimillionnaire ce n'est pas parce qu'il travaille dur, c'est parce que la redistribution des richesses produites par l'ensemble de la collectivité lui est très favorable. Plus qu'à un instituteur. Plus qu'à un tourneur-fraiseur.

On mesure donc l'indécence à le voir pleurer parce que les impôts lui prennent trop.


À défaut des Portes du Pénitencier, en voilà un qui va pouvoir contempler celles du Goulag pendant une petite trentaine d'années (section "vous appelez vraiment ça un artiste ou vous vous foutez de ma gueule ?"). Après avoir rendu ses millions bien sur !


Post Scriptum :

Pour mémoire, selon libération :
Il avait été condamné le 29 avril 1977 à Paris à 10 mois d'emprisonnement avec sursis et 20.000 francs d'amende (3.000 euros), car le fisc lui reprochait la dissimulation, en 1971 et 1972, de plus de 4 millions de francs de revenus, correspondant à 2,5 millions d'impôts.
Preuve supplémentaire que Nicolas Sarkozy sera le président des honnêtes gens et l'ennemi des voleurs et des fraudeurs.

4 commentaires:

Thierry a dit…

Ouiiii!!! Vrai ! juste ! pertinent ! J'aime ! Chuis d'accord ! Tout est dit : bravo les gars! Excellente analyse, et je n'ai pas le compliment facile...

vlg a dit…

Merci, merci !

coco_des_bois a dit…

Ordure ordinaire ce jean-phi

Mais s'opposer aux gros salaires et aux gros revenus, c'est s'opposer à la liberté mon cher, liberté chérie, tu sais, celle qui passe tout juste avant égalité sur les pièces de monnaie...

Dans le film de Gilles Balbastre "le chomage a une histoire" il y a un petit docu qui dit en gros :

- à qui appartiennent les usines ?
- qui crée la richesse dans ces usines ?
- qui en profite ?
- les capitalistes ne peuvent se passer des travailleurs
- les travailleurs peuvent très bien se passer des capitalistes

Cette misérable industrie de la "musique" me fait gerber.

vlg a dit…

Ouais, la liberté pour les riche, la soumission pour les pauvres, c'est la morale contemporaine.

A propos de Balbastre, je n'ai jamais vu son "le chomage a une histoire" mais tu me donne envie. Il a aussi réalisé un docu délicieux expliquant en quoi la privatisation des producteurs d'électricité c'est de la connerie.