lundi 26 novembre 2007

Racisme latent

La France est-elle raciste ? Alors que CSP se fait un plaisir sadique de nous relever un florilège de commentaires ouvertement racistes de lecteurs du Figaro, et que la ligue des Droits de l’Homme à Toulouse proteste contre ce qu'elle qualifie de «xénophobie d’Etat», à savoir que la préfecture locale se soucie que tous les «organismes à vocation sociale» puissent aisément identifier un papier falsifié, et ainsi balancer à la police immédiatement le moindre clandestin qui viendrait à passer (lire ici), ou encore qu'une émission grand public diffuse un reportage dans lequel on peut entendre un bon français vociférer «Tu fais Ramadan, t’es une sale race, t’es une sale race... J’espère que tes papiers tu les auras jamais» sans que Brice Horetefeux ne bouge un cil (voir ), le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie, Monsieur Doudou Diène, intellectuel sénégalais vivant à Paris, nous dit que Sarkozy:
« s’inscrit dans [...] une dynamique de légitimation scientifique et intellectuelle du racisme par les élites.»
Il précise que Sarkozy n'est probablement pas raciste, en témoigne la nomination de Rama Yade (argument qui nous semble douteux), mais que « le discours de Dakar relève expressis verbis des discours racistes des XVIIIe, XIXe et XXe siècles

Quand on lui demande «À quoi faites-vous référence quand vous dénoncez le racisme des élites françaises ?», il précise :
« Je peux vous citer plusieurs exemples récents. Pascal Sevran, qui a justifié le sous-développement du continent africain par la sexualité de l’homme africain. George Frêche, un homme de gauche, pour qui il y a trop de Noirs dans l’équipe française de football. Hélène Carrère d’Encausse, qui a expliqué les émeutes des banlieues par la polygamie des Africains. Il y a un courant profond chez ces intellectuels qui se lâchent littéralement et banalisent des concepts racistes.»
Tout ça, n'est-ce pas, au nom du "brisage de tabous", de la lutte contre "ce fascisme qu'est devenu l'anti-racisme", et autres stupidités. Il le dit clairement : il y a un courant profond chez ces intellectuels qui [...] banalisent des concepts racistes.

On a donc là des accusations graves, et fort bien étayées, contre notre président et nos "intellectuels", qui ont été présentées devant les nations unies. Ce n'est pas rien ! Or, à part Fontenelle, les journalistes n'en parlent pas. Il nous semble que ça valait quand même le coup d'être relevé. Lisez toute son interview sur Libération qui l'a publiée.

5 commentaires:

Jérôme Leroy a dit…

Lire Badiou, "De quoi Sarkozy est-il le nom": "En ce qui concerne l'existence dans nos pays de milliers d'étrangers, il y a trois objectifs: s'opposer à l'intégration persécutoire; limiter la fermeture communautaire et les tendances nihilistes qu'elles véhiculent; développer les virtualités universelles des identités. L'articulation concrète de ces trois objectifs définit ce qu'il ya de plus important aujourd'hui en politique."

Salut Rouge

coco_des_bois a dit…

Je pensais à ça l'autre jour, il me semble que la France nie en quelque sorte cette facette de son histoire, médias, ciné ou autres, c'est comme si jamais nous n'avions eu la moindre ségrégation issue de l'esclavagisme. De fait, sur ce genre de sujet, on nous rappelle qu'il ne faut pas trop regarder en arrière, assez de repentance n'est-ce pas.
De plus, il est nettement plus facile d'attiser ces idées racistes que de se pencher sur tout ce qui fabrique les mouvements migratoires. Plus facile que de restructurer les villes et zones qui sont qualifiées par leurs maires de "poudirère". Dans l'idéologie libérale, les bons noirs pauvres sont responsables de leur sort, qu'ils soient dans leur pays ou "chez nous" (sic).

Pendant ce temps, on vend l'uranium Nigerien aux Chinois... et on se gargarise de milliards de contrats ... et les gens ne comprennent pas que tout est lié.

vlg a dit…

Oui, Alain Badiou est sur la liste. Je connaissais pas avant quelques billets chez toi et chez fontenelle.

vlg a dit…

Coco : c'est exactement ça, après le mépris le dénis. Avant que le mérpis ne reviennent (cf les aspects "positifs" de la colonisation)

Anonyme a dit…

Les élites françaises commencent par Pascal Sevran ? Bon dieu.