mardi 5 juin 2007

Carte de guerre scolaire

Bonjour petits amis, Aujourd'hui, le politburo va s'intéresser aux conséquences de la suppression de la carte scolaire.

Pour ce faire, on a emprunté Léonid au camarade MC.





Bonjour camarade.

Добрый день

En français s'il te plait.

Pardon. Bonjour.

Alors Léonid, quel est l'effet de la carte scolaire sur la mixité sociale ?

La réponse n'est pas trop compliquée : la carte scolaire est, comme son nom l'indique, une organisation géographique de la répartion des élèves. Dans la mesure où ces zones sont continues, c'est à dire qu'on ne mélange pas les élèves venus de zones différentes, elle n'est pas très efficace pour mélanger les classes sociales (qui sont elles aussi ségréguées géographiquement).


Par contre, quelles conséquences peut-on attendre de la suppression de la carte ?

Là aussi ce n'est pas très compliqué bien qu'il faille analyser cela selon deux échelle de temps.

À court terme, les écoles des quartiers riches (de bon niveau) et les écoles des quartiers pauvres (de bas niveau) ne vont voir que peu de différences : quelques uns des meilleurs élèves des quartiers populaires, ceux qui pourront se le permettre, iront dans les bonnes écoles, qui elles-même élimineront les élèves les moins performants qu'elles étaient obligées d'accepter.

Par contre pour les écoles intermédiaires, où les élèves ont une origine sociale diverse, cela va être plus dramatique. On va assister à une segmentation radicale, les plus riches (ainsi qu'une minorité de très bon élèves) allant dans les meilleures écoles et les autres étant regroupés dans des établissement où ils seront destinés à l'échec.

Il y aura donc d'un côté les écoles de la réussite et de l'autre les écoles de l'échec, à la différence de maintenant où le peu de mixité sociale aplanit ces différences.


Ceci va déterminer l'évolution à moyen terme. Puisqu'il n'y a plus que l'école des «bons» et celles des «mauvais», pourquoi encore financer largement l'école des «mauvais» ? Surtout que les élèves n'étant plus obligés d'aller à l'école de leurs quartiers, il ne sera sensé n'y rester que les «cancres» ?


Poser la question, c'est déjà y répondre.

Exactement. On va avoir une stratification en deux couches sociales telle que l'on ne l'a pas vue depuis longtemps.


Mais alors, comment peut-on imaginer que laisser le choix à tous permettra à chacun d'obtenir la meilleure école ?


On touche sur cet exemple la limite du système libéral : un choix théorique est en pratique limité à une élite.

Tout le monde ne peut pas aller à Henri IV, c'est un fait ; donc il vaut mieux essayer d'imposer de la mixité sociale dans tous les établissements et accorder des moyens accrus pour les écoles des quartiers défavorisés.

C'est simple et évident mais bien sûr personne n'en parle au 20 heures. La méthode employée est classique : on fait passer la loi à l'assemblée qui nous est de toute façon acquise et la propagande fait le reste (et je peux vous dire que je m'y connais en propagande).


Effectivement. Merci pour ton analyse Léonid.

De rien camarades.



À bientôt les petits amis pour une nouvelle leçon de privatisation des services publics avec discrétion et fourberie. La prochaine fois, nous verrons la sécurité sociale avec Léon (s'il s'est remis de sa séance d'alpinisme)...

2 commentaires:

coco_des_bois a dit…

Pour son âge, il est foutrement lucide le léonid (ça rime) !
Merci pour cette analyse simple Léonid, ça peut servir pour argumenter, c'est clair et concis.

Anonyme a dit…

Merci tovaritch coco des bois,

Il faut que je te dise : avec les tovaritchs Nikita et Youri, on est des lecteurs assidus de ton blog.