jeudi 9 août 2007

Service maximum

On nous annonçait à partir d'aujourd'hui une grève dure, illimitée, et extrèmement perturbante à la Deutsche Bahn (la SNCF allemande). Grève votée par 96% des membres du syndicat GDL, qui revendique 31% d'augmentation salariale pour les conducteurs de train (largement sous-payés par rapport leurs homologues français, suisses, espagnols, ou néerlandais). Le patron de la DB en était fort contrarié, lui qui voulait privatiser (pardon : ouvrir le capital de) la Deutsche Bahn le plus vite possible, après l'avoir rendue rentable [1].

Cette grève pourrait, selon certaines estimations, faire perdre près de 500 millions d'euros par jour à l'économie allemande. Voilà qui est dissuasif et devrait faire (ré)fléchir le patron, pensez-vous : ça c'est de la grève efficace ! Eh bien non, le tribunal du travail de Nuremberg a interdit cette grève parce qu'elle ferait payer un trop lourd tribut à l'économie, rapporte le Monde. On croit rêver : pas le droit de faire grève si ça a des conséquenses.
Ça ressemble à une interdiction du droit de grève pure et simple !

Il convient de signaler que le GDL s'était auparavant montré conciliant en acceptant la médiation d'une personne neutre, en appelant le gouvernement à faire une proposition pour résoudre ce conflit, et en précisant que seul le fret serait touché dans un premier temps, les trains de voyageurs étant épargnés. On peut donc difficilement les accuser de jusqu'au- boutisme, de prise d'otage, ou de fanatisme. Et pourtant, la justice leur impose le service maximum. Qui est borné et obtus dans cette histoire ?



[1] Notons que la privatisation est justifiée par le besoin pour la DB de s'imposer face à la concurrence féroce en Allemagne... Autrement dit le processus de démantellement du service public, privatisation - libéralisation, se justifie lui-même, tel un serpent qui se mord la queue. Nous suggérons que la meilleure solution eut été de ne pas ouvrir le rail allemand à la concurrence, ça paraît logique. D'ailleurs, l'article du Monde d'où nous tirons cette information signale que d'ores et déjà, plusieurs Etats régionaux expriment leurs craintes de voir des liaisons ferroviaires locales sacrifiées au bénéfice de grandes lignes plus rentables ! Et ne parlons pas de l'exemple des trains anglais...

6 commentaires:

Troubi a dit…

Etant en Allemagne en ce moment je juge sur place : Bienvenue dans le monde du libéralisme !

Encore hier le canard local avait une caricature présentant un malheureux passager sur une voie de chemin de fer avec de chaque côté un train lui fonçant dessus, à gauche un train de la DB et à gauche un train du GDL.

Sauf que le GDL n'a pas pour objectif de paralyser le trafic de voyageur en cette période touristique, ils voulaient juste paralyser le trafic de FRET. Au final taper ou ça fait mal, car c'est là que cela paralyse le plus l'économie.

Précisons enfin que la GDL c'était engagé à annoncer 48h à l'avance les points de débrayages ...

Et malgré cela le droit de gréve vient de leur être retiré.

Voila ce qui nous attends en France ...

Anonyme a dit…

C'est désespérant.
Un tel acharnement à tout démanteler ce qui a été mis en place, alors que les services publics fonctionnaient bien, autant en Allemagne qu'en France, alors qu'on sait ce qui s'est passé en GB et la gabegie (et les morts)qu'il en a résulté, c'est criminel.
Tout cela pour que quelques-uns se remplissent davantage les poches!
Mais où va-t-on?
Reste-il une once d'éthique à ces politiciens déments à la botte des multinationales?
Et en France, ce cas de figure ne saurait tarder, évidemment ... Dès que le lilliputien hyperactif revient de villégiature, ça va tomber ...
Et voilà.
Peuples de tous les pays ...

Thierry a dit…

"Reste-il une once d'éthique à ces politiciens déments à la botte des multinationales? "
Je crains que la réponse ne soit dans la question...
Et en Allemagne, ils ont pris très cher pour ce qui est des "réformes", les mêmes qui nous pendent au nez.
Le seul espoir qu'on peut, et doit, avoir, c'est qu'une partie de la population refuse catégoriquement cette thatchérisation. C'est maigre ? C'est tout ce qu'on a. Et c'est aussi à nous de convaincre de la nécéssité...d'une putain de bonne grève générale! Grr!

Anonyme a dit…

"C'est tout ce qu'on a": Exact.

... "d'une putain de bonne grève générale" --> Tant qu'à se faire du bien, disons: "grève générale ... EUROPEENNE".
YAISSE! :-D

vlg a dit…

Oui c'est désespérant comme on se fait totalement dépouiller de nos biens communs (les entreprises nationales) et comme toute forme de solidarité se fait éradiquer par des connards qui ne cherchent que leur profit tout en nous expliquant que c'est pour notre bien.

La grève générale européenne ?
Le politburo de vlg approuve cette proposition.

Merci valentin pour les précisions. Un membre du politburo se trouve en Allemagne également, mais j'ai du mal à lire les journaux locaux qui sont - bizarrement - écrits en allemand. Toutefois, d'après mes collègues, le tribunal a vraiment chié dans la colle et cette décision absurde devrait être cassée prochainement, de sorte que la grève pourrait avoir lieu dans quelques jours (juste quand je devais aller à Berlin, je suis pris en otage, c'est un scandale, fusillez-moi ces rouges!).

coco_des_bois a dit…

C'est un truc de dingue... on a ça sous nos yeux et rien... y se passe rien.

Je n'ai pas de voiture, je voyage à 99% en france en train et je vois chaque année des morceaux de lignes qui ferment, remplacées par des bus de merde ou en ce qui me concerne, me jambes et mon vélo.
Rentabilité, vitesse, concentration, là aussi on se mord la queue, ma brave dame on va pas laisser cette voie ouverte, c'est pas rentable !

Rentrée énervé, mais de plus en plus énervé...