lundi 7 avril 2008

Principe du Pays de Destination

Comme le principe du pays d'origine, qui aurait pu permettre de faire venir chez nous des ouvriers d'un pays pauvre en les payant selon les normes de là-bas a été retoqué (grâce à notre mobilisation), les patrons qui plastronnent s'adaptent, et passent au principe du pays de destination.

Fondé sur la liberté individuelle et le dialogue sincère, respectueux et égalitaire entre les partenaires sociaux, ce principe est simple comme bonjour : il s'agit de donner libre choix à l'employé entre être viré sur place ou délocalisé physiquement dans un pays du tiers-monde dont il ne connait rien, pour faire le même boulot qu'ici payé 3 fois moins.

C'est cette alternative qui nous est narrée ici et :
Alain Leclercq, 38 ans, cariste à Hénin-Beaumont, a le choix. Les assédic, ou le déménagement à Alfenas, au Brésil pour un salaire de 315 euros par mois, ou encore Bursa, en Turquie, pour 230.
Et c'est parfaitement légal.

Inutile d'expliquer à nos lecteurs exigeants et perspicaces à quel point ce "choix" est ignoble, cynique, méprisant. À quel point la liberté de l'employé est ici celle de crever comme un rat où il veut. La voilà la fin des fins du libéralisme. Si on ajoute, piquante anecdote, que l'entreprise auteure de ce racket avait reçu 170700€ de la région pour créer des emplois, il devient inutile de vous signaler que ses dirigeants vont bientôt recevoir un avis de mutation forcée en Sibérie, où notre goulag embauche toujours, pour pas cher en plus.

Terminons par une phrase pleine de bon sens extraite du Combat Ordinaire, tome 4 de Larcenet :
« Si la loi autorise les patrons à aller planter leurs usines dans le tiers-monde, il faut être un sacré hypocrite - ou un socialiste - pour s'offusquer qu'ils le fassent dans les faits.»
Le politburo n'a rien à ajouter. Vous concluerez tous seuls...

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