jeudi 6 décembre 2007

Explication ≠ Excuse

« Ce n'est pas parce qu'on est pauvre, exclu, discriminé, que l'on peut saccager.»
a dit Fadela Amara (qui fait la pute soumise auprès de l'ancien ministre de la police). Elle a cru bon d'ajouter «ceux qui disent cela sont irresponsables».

Démontons cet argument fallacieux en trois points.


1) Tant qu'on y est, ce n'est pas parce que deux jeunes roulent sans casque qu'on peut les écraser.

Et ce n'est pas parce qu'un homme est noir et fraude dans le métro qu'on peut le tabasser.

Il serait bon qu'elle le rappelle aussi.

Or, ce sont les mêmes qui vous disent qu'il est intolérable de brûler des bagnoles quand bien même on serait pauvre, qui vous justifient en général le comportement immoral de la police par l'infraction commise par la victime de la bavure. Un peu de cohérence, que diable !


2) Personne ne dit ça.

Personne n'a jamais dit non plus «il est normal de frauder dans le métro» ou «il est normal d'être pédophile» [1]. C'est une technique typiquement sarkozyste que d'attribuer à ses contradicteurs des énormités pour ensuite s'incrire en faux, se parant ainsi d'une vertu auréolée de bon sens.

Le résultat : si vous n'êtes pas d'accord avec le gouvernement, c'est que vous êtes probablement un immigré clandestin pédophile, fraudeur[2] et émeutier. C'est un peu pénible, voire insultant.


3) Il ne faut pas confondre "explication" et "excuse".

Il y a des émeutes, des violences urbaines, il doit bien y avoir des raisons à ce phénomène. Dire «La pauvreté favorise l'émergence des violences urbaines» est une tentative d'explication du phénomène global, mais en aucun cas un jugement moral d'un comportement individuel.

Ceux qui brûlent des gymnases ou des bus sont des petits cons, et tout le monde condamne ces actes. Mais pourquoi ce genre de bétise est commis généralement dans les banlieues, et pas à Neuilly ?
Pourquoi les ados des quartiers défavorisés zonent dans des halls d'immeubles et roulent sans casque sur des mini-motos alors que ceux du seizième arrondissement de Paris prennent des cours de piano et jouent sur des courts de tennis ? Voilà des questions intéressantes.
À votre avis, est-ce dû à leur patrimoine génétique ou au patrimoine financier de leurs parents ? Est-ce dû à la différence de couleur de peau ou à la différence d'environnement urbain ?

Il est clair que la misère, l'absence d'occupation, l'entassement dans des barres d'immeubles désertées de tout commerce et tout service public, cela favorise la possibilité de sombrer dans la petite délinquence, voire la grande.

Naturellement, c'est mal.

Évidemment, personne ne devrait le faire.

Mais faut-il s'étonner qu'une plus grande proportion d'ados basculent du côté obscur (bien plus puissant il est, regarde comment le dealer avec sa BM grave se la pête) dans de telles conditions qu'au pays des bisounours ? Faut-il s'étonner que personne n'ait la rage contre la société parmis ceux qui la dominent et en jouissent, et beaucoup parmis ceux qui en sont exclus ?


Quand on est ministre de la ville ou de l'intérieur, ne pas rechercher les causes des émeutes en procédant d'une démarche scientifique pour déterminer quels paramètres favorisent ces phémonènes de société (cette science s'appelle la sociologie), c'est tout simplement irresponsable.

Pire, en niant que la pauvreté et l'exclusion pourraient être la source de ces phénomènes (il ne s'agit pas, répêtons-le, d'excuser les comportements individuels), Fadela Amara et ses copains accréditent en creux l'idée que l'explication pourrait bien être l'autre choix évoqué ci-dessus : la couleur de peau des individus, dont on se souvient qu'ils ont été qualifiés de musulmans polygames lors des émeutes d'il y a deux ans. Ce n'est plus seulement irresponsable, ici, c'est gravissime.

Il est urgent de rétablir la distinction entre «explication» (lien de cause à effet, toujours intéressant à connaître, absolument neutre d'un point de vue moral) et «excuse» (qui relève du jugement moral).


Les gens de droite ignorent (plus ou moins sciemment) cette distinction, et méprisent la sociologie car les explications qu'elle fournit sont parfois dérangeantes, et il est beaucoup plus facile de condamner les comportements déviants sans chercher à les comprendre.

C'est mal. Ça mérite une rééducation par nos soins en Sibérie.



Voilà ce qu'il vous faudra répondre à votre beauf Kevin qui vous dira au réveillon qu'il n'y a pas à chercher des excuses à ces petits cons qui cassent des arrêts de bus, qu'il n'y a qu'à leur envoyer l'armée, et que s'ils n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter.




[1] Sarko avait demandé durant la campagne présidentielle « Qui peut me dire que c'est normal d'avoir envie de violer un petit garçon de trois ans ? » Question stupide s'il en est. Lire ce billet, où vous trouverez aussi des arguments complémentaires.

[2] «Si certains sont du côté des fraudeurs, moi je suis du côté de tous ces honnêtes gens» (rappel). Sous entendu implicite : les autres candidats et leurs supporters sont des fraudeurs malhonnêtes (à l'inverse d'Alain Juppé ou Patrick Balkany par ex).


PS : On recommande aussi vivement la lecture de ce billet de CSP sur Fadela Amara et sa déclaration ignoble.

PS2: Indispensable aussi : ce billet du camarade Fontenelle qui fracasse proprement ceux qui nous martèlent que "Quand on commence à expliquer l’inexplicable, c’est qu’on s’apprête à excuser l’inexcusable". Les cons.



PPS : Pour rester dans l'ambiance, une petite photo de jeunes sauvageons détruisant sauvagement une voiture de police à coup de batte de base-ball (source).

41 commentaires:

Anonyme a dit…

L'argument fallacieux décrit ici est
un appel au ridicule, appelé également tactique de l'homme de paille. C'est un sophisme au travers duquel un argumentateur caricature l'argument de son adversaire afin d'en attaquer une version
affaiblie et donc déclarer que l'argument original a été défait.

Un tel sophisme est utilisé dans le débat concernant la légalisation du cannabis: << Non à la légalisation !
N'importe quelle société offrant un libre accès aux drogues perd son
éthique >>. L'adversaire souhaitait légaliser le cannabis et non pas
promouvoir un accès libre aux drogues.

dial@no-log.org

Anonyme a dit…

Ça, ça me fait flipper... quand on voit les gens qui ne veulent plus entendre les explications. Parce que « une explication, ça serai une excuse ». Là, on a atteint un niveau inquiétant ! Parce que là, les gens sont prêt pour des condamnations sans jugement... et pourquoi pas des condamnations à mort sans procès...

Anonyme a dit…

Expliquer l'inexplicable, depuis que l'être humain existe, c'est à cette irrépressible exigence qu'on doit tous les progrès accomplis par l'humanité.

Et c'est grâce à cet élan qui survit en chaque enfant, dès qu'il est capable de perception, que l'enfant doit le développement de son intelligence.

Chaque fois qu'on a essayé de faire passer cet élan vital pour une faute, c'était très mauvais signe.

Kaos a dit…

Désolé mc, mais l'exigence de de l'explication n'est malheureusement pas irrépressible, ni naturelle, ni essentiellement constitutive de la (so-called) nature humaine.

C'est un fait culturel, historiquement situé qui relève du choix (militant par exemple) et certainement pas d'un élan de survie. Le taux de fécondité de société à taux de stupidité élevé devrait t'en convraincre sans trop de bobos.

Cela dit, dans le fond on est d'accord, La refléxion scientifique vaut mieux vaut mieux que le jugement à priori. Mais, de grâce, pas de justification par l'essence de l'homme, please, s'il vous plaît. nous avons fait le choix de l'intelligence, ça n'est pas pour le justifier par la Nature et/ou Dieu.

Anonyme a dit…

Rappel de l'axiologie dominante (ou qui se voudrait telle):

Trouver des explications à des comportements inexcusables, c'est avant tout tempérer la part de responsabilité individuelle dans ces comportements par l'appel à une causalité extérieure. Diminuer la responsabilité de l'individu dans l'action, c'est lui trouver des excuses. "Excuser", c'est donc "nier".

Le négationnisme étant un délit, pourquoi la droite de droite ne déposerait-elle pas une proposition de loi visant à encadrer sévèrement l'expression des recherches en sciences sociales (sur le modèle de la loi Gayssot)?

Anonyme a dit…

"Voilà ce qu'il vous faudra répondre à votre beauf Kevin qui vous dira au réveillon"

Cette année, j'ai demandé à Kevin de réveillonner ailleurs, justement.

vlg a dit…

@2ème anonyme (13:48) : On est d'accord, des gens qui ne veulent pas entendre d'explication, voire même qui la nient («Ce qui c'est pas passé, ce n'est pas une crise sociale»), ça fout les jetons.
Or, comme le suggère Justine Lamerdan-Tézieux (merci pour cette brillante analyse de l'axiologie dominante), après avoir clamé «ceux qui disent cela sont irresponsables», la suite logique est d'interdire pour "incitation à l'émeute" tout propos qui envisagerait que si si, c'est bien une crise sociale...

Et on en arrive à ce que dit mc : «Chaque fois qu'on a essayé de faire passer cet élan vital pour une faute, c'était très mauvais signe.»
«Parce que là, les gens sont prêt pour des condamnations sans jugement... et pourquoi pas des condamnations à mort sans procès», comme disait le 2ème anonyme.
On dirait bien qu'on s'en approche, ...

@kaos : L'exigence de l'explication n'est peut-être pas irrépressible, ni naturelle, sans quoi ça poserait la question : «Fadela Amara et ses amis de droite sont-ils des êtres humains ?».
Mais n'est-ce pas cette exigence d'explication qui définit l'Homme et le distingue de l'animal, selon un philosophe grec dont j'ai oublié le nom mais il est mort ça compte pas ? Que ce soit un choix ou un instinct, qu'est-ce que ça change finalement ?


Whaou, superbe synthèse des commentaires, on dirait une dissert' de philo. Meci à vous pour vos contributions pertinentes.

vlg a dit…

@1er anonyme (13:27) :
Merci pour la notion d'appel au ridicule. On le retrouve en effet souvent, et le reconnaître aide à l'éviter. Ça correspond tout-à-fait à notre point 2).

@3ème anonyme (23:55) :
Sage précaution ! :-)
Si tu dois lui faire un cadeau de Noël quand même, pense à l'album "Pamplemousse Mécanique" des Fatals Picards, avec "Au Mariage de Kevin et ma soeur" dedans, et même "Et puis merde, je vote à droite". Que du bon !

Anonyme a dit…

Méfiez-vous d'anonymous C'est un espion, un infiltré, il a pourri le forum des internautes de la gendarmerie. Demandez lui. Il écrivait des insultes après chaque commentaires, il n'avait même pas assez de vocabulaire pour répondre. Ce forum était presque le seul moyen d'expression des gendarmes, et surprise pour vous peut-être, très social et humain. Anonymous est un espion, j'en suis sûr.

Anonyme a dit…

"C'est une technique typiquement sarkozyste que d'attribuer à ses contradicteurs des énormités pour ensuite s'incrire en faux, se parant ainsi d'une vertu auréolée de bon sens."

rendons à César ce qui appartient à César, ces bonnes vieilles techniques ont été largement utilisées dans les procès Staliniens, bien qu'ils n'en aient pas le monopole.
Sarkozy stalinien ? putain le scoop !

vlg a dit…

@validtaliberte : L'anonymous qui insultait les gendarmes, c'était nous. Nan je déconne, j'ignorais qu'il existât un forum de la gendarmerie ; et en fait, je m'en tamponne.
Ne t'inquiète pas pour nous, on ne se laissera pas pourrir : ici, si un commentaire ne nous plait pas, on le supprime. On laisse donc poster les anonymous tant que ce n'est pas pour insulter ou troller.

@anonyme de 01:27 : On ne prétend pas que Sarkozy a inventé ce procédé réthorique, mais il en use et abuse plus que n'importe quel autre homme politique dans son discours ; voir les deux exemples que nous citons + on peut se rappeller de «On ne va pas me reprocher de trouver des contrats pour des entreprises françaises ?» quand on lui fait remarquer que vendre une centrale nucléaire à Khadafi n'est pas forcément une bonne idée + etc, etc...
C'en devient presque sa marque de fabrique, son style.

Anonyme a dit…

Mais pourquoi refuser que quelqu'un (s')explique ? Pourtant le désir de comprendre est humain, et je dirai même que c'est un signe d'intelligence. Je ne vois que deux raisons à ce que quelqu'un refuse que l'on cherche à comprendre, que quelqu'un refuse qu'il y ai une personne qui donne des explications. Soit cette personne (qui refuse l'explication) a quelque chose à cacher, par exemple, il est lui-même responsable de ce qui s'est passé... et il ne veut pas que l'on découvre sa culpabilité. Ou sinon, cette personne ne veut que l'on comprenne ce qui s'est passé pour pas que l'on puisse agir sur les causes... bref, cette personne veut que ça se reproduise encore et encore (dans un intérêt personnel sûrement). Je ne vois pas d'autres raisons.

Anonyme a dit…

Anonymous est infiltré , alors prudence , vous verrez il insulte facilement.
ça n'est pas un porte micro comme ceux de la Une mais un porte plume.

Bonne route et bonne guerre, car contre le "gouvernement non choisi", il ne faut jamais baisser sa garde.

Kaos a dit…

Alors, pour commencer, la définition de l'humanité par un philosophe grec a légèrement tendance à ma laisser pantoi, voire a carrément m'énerver. Une civilisation notoirement esclavagiste qui n'a jamais vraiment pris le temps de considérer ladite humanité de ses servants peut-elle vraiment nous définir la 'nature humaine' aujourd'hui?

Ensuite, j'ai toujours un peu de mal avec la soi-disant séparation entre l'homme et l'animal. Non seulement, ça ne sert qu'à prouver la supériorité de l'Homme sur le reste des espèces, mais ça nie l'effet potentiel de l'évolution. Qu'est-ce qu'on dira quand les girafes seront philosophes? Et moins loin de nous, est-ce qu'on a vraiment les moyens de comprendre la pensée d'un chat (qui n'a jamais vu un chat en pleine méditation?), et, partant, peut-on dire que la pensée est vraiment l'apanage de l'homme? Ne nous contenterions-nous pas de décréter pensée ce que nous comprenons pour mieux se donner de la valeur aux yeux de la nature/L'évolution/la loi cosmique/Dieu.

Et dernier mais pas des moindre, l'idée de nature humaine repose sur une philosophie essentialiste qui trouve ses fondements dans la pensée religieuse et bourgeoise (lire Barthes à ce sujet - Mythologies). Dans l'idée, ça dit que la Création (qu'on l'appelle Dieu ou Nature) a donné des rôles aux créatures (l'homme pense/l'animal non) qui ne sert guère qu'à 'naturaliser' la société et ses composantes, et par là, la jutifier de façon irréfutable (Qui êtes-vous pour contredire la Nature?).

Quand bien même cette technique serait employée pour défendre des positions communisantes, tout ceci me paraît excessivement contre-révolutionnaire, social-traître, voire réactionnaire. Et je me dois donc de demander au politburo local de rectifier sa ligne sous peine de goulagisation intempestive.

A bientôt en Sibérie.

Ps. Accessoirement, le rejet hors de l'humanité des non-penseurs relève de l'excommunication des homosexuels (bien que ces derniers puissent penser et que les non-penseurs n'en soient pas tous, vous me comprenenez), puisque la sexualité inscrite dans la nature humaine est comme chacun le sait la réflexion scientifique hétérosexuelle.

Anonyme a dit…

J'avais remarqué dans le nouvelobs, cette phrase de la secrétaire d'état.

Mais depuis, soit environ presque 2 semaines, aucun article sur cette énormité.

On imagine aisément, un conseiller de louis XVI s'exclamer : " ce n'est pas parce qu'il n'y a plus de blé que les gueux doivent envahir les rues de Paris..."

Merci donc pour cette analyse.

nico a dit…

Ok mais bon.
Expliquer, comprendre, evidemment, mais s'arreter la...?
Parce qu'en même temps, c'est facile de se retrancher derrière un jugement scientifique en disant je ne porte pas de jugement moral, alors qu'en même temps vous traitez ceux qui brûlent un gymnase de petit cons!
Finalement sur le plus important, toute la France semble être d'accord pour traiter de petits cons ceux qui répondent pourtant à une oppression inqualifiable d'un système imposé par des gens qu'on ne qualifie pas, eux, au bout du compte.
Parce qu'on nous a dit que ce n'était pas la question.
Vous posez le problème de la même façon que les politiciens. Vous restez sur le même terrain.
Le problème n'est pas ces 'petits cons'. Ils sont peut-être plus proches d'une solution que n'importe quel bourgeois passif qui ne questionnera jamais un système capitaliste qu'il ne fait que renforcer.
Ne pas excuser, seulement expliquer sans porter de jugement moral, c'est faire de la sociologie pure, en soi et pour soi.
Le problème n'est pas d'analyser ou d'interpréter le monde, mais de le changer.
Et la question n'est pas d'excuser ou pas ces 'petits cons', mais d'excuser ou pas tout le reste, ce qu'ils montrent du doigt.
Ce n'est pas à la question des politiciens qu'il faut répondre, mais à la leur.

vlg a dit…

@anonymous de 04:57 :
De rien, ça nous fait plaisir. Tant mieux si tu apprécies notre analyse. On aime beaucoup ton conseiller de Louis XVI imaginaire...


@anonymous de 02:09 :
Tu poses une excellente question : pourquoi refuser une explication ? Et tu apportes de bonnes réponses je crois.
«Soit cette personne (qui refuse l'explication) a quelque chose à cacher, par exemple, il est lui-même responsable de ce qui s'est passé.»
Par exemple, s'il s'avérait que le ministre de l'intérieur n'a rien fait pour arranger la situation explosive des banlieues depuis les émeutes de 2005, ça serait embêtant pour lui.

«Ou sinon, cette personne ne veut que l'on comprenne ce qui s'est passé pour pas que l'on puisse agir sur les causes... bref, cette personne veut que ça se reproduise encore et encore (dans un intérêt personnel sûrement).»
Pour ensuite se présenter en sauveur, en garant de l'ordre, en nettoyeur (au kärcher), en homme fort, défenseur des honnêtes gens contre la racaille qui menace. Nooon, il faudrait être un fieffé manipulateur cynique pour oser faire ça. Non ?

Une autre réponse possible :
Cette personne ne veut pas qu'on comprenne les causes profondes du phémonènes, car alors on verrait une solution qui demanderait de dépenser les précieux deniers de l'état pour les pouilleux au lieu d'en faire des cadeaux fiscaux pour les riches.

Dans les trois cas, cette personne est quand même une belle enflure !

vlg a dit…

@kaos : Ouhla, tu élèves le débat.

Rapelons tout d'abord que ce thème de la définition de l'Humanité n'est pas abordé dans notre billet, et que comme tu l'as dit plus haut «sur le fond, on est d'accord».

Maintenant, difficile de te répondre, le politburo n'étant pas un fin spécialiste de ces questions. MC, si tu repasses par là, ton avis nous intéresse.

En gros, si j'ai bien compris, tu contestes la distinction Homme/animal, et l'idée même de nature de l'Homme.
Donc tu rejettes l'idée que refuser d'entendre une explication ferait perdre son humanité (même si tu condamnes ce comportement quand même). Bon.

Sans rentrer dans des considérations sur la définition de l'Homme (ce serait quoi, ta définition alors?), tu admets quand même que ce genre de comportement est bien bas sur l'échelle du niveau de conscience et de réflexion. Peut-être pas beaucoup plus haut que le chien qui aboie sur les passants sans savoir pourquoi.
À ta question «Qu'est-ce qu'on dira quand les girafes seront philosophes?», j'ai envie de répondre qu'alors on les prendrait bien comme ministres de la ville.

Grnt, le politburo n'est pas très philosophe, mais il apprécie tes explications. En revanche, il n'accepte pas les diktats, et va se pencher sur ton cas et tes accusations graves et mensongères. Tu peux déjà t'acheter une chapka.

vlg a dit…

@nico (05:15) :
Commentaire brillant.

Nous restons sur le même terrain que les politiciens parce que dans ce billet, on répond à Fadela Aamara et on analyse ses propos.

«c'est facile de se retrancher derrière un jugement scientifique en disant je ne porte pas de jugement moral, alors qu'en même temps vous traitez ceux qui brûlent un gymnase de petit cons!»
Il s'agissait ici surtout de distinguer jugement moral et explication, et de montrer qu'on peut expliquer tout en condamnant, expliquer sans approuver.

«Ne pas excuser, seulement expliquer sans porter de jugement moral, c'est faire de la sociologie pure, en soi et pour soi.»
Oui.
Note que le politburo a déjà prouvé sur ce blog qu'il n'hésitait pas à faire des jugements moraux. Et il continuera.

«Le problème n'est pas d'analyser ou d'interpréter le monde, mais de le changer.»
Oui ! Mais pour le changer, il faut d'abord le comprendre, non ? Et lutter contre ceux qui font tout pour qu'on ne le comprenne pas !

«Et la question n'est pas d'excuser ou pas ces 'petits cons', mais d'excuser ou pas tout le reste, ce qu'ils montrent du doigt.
Ce n'est pas à la question des politiciens qu'il faut répondre, mais à la leur.
»
Approbation inconditionnelle.
Et nous serions plus enclins à excuser les fauteurs de troubles des banlieues que les «bourgeois passifs qui ne questionneront jamais un système capitaliste qu'il ne font que renforcer»... Mais c'est là qu'on a besoin des explications : elles permettent de mettre au jour les responsabilités, voire de trouver les responsables de cette situation, comme l'a remarqué l'anonyme de 02:09.

Bref, il faudrait un autre billet pour exprimer nos jugements.

Kaos a dit…

Bon, bien que çe ne soit pas le sujet, je dois répondre de mes positions. La distinction Homme/Animal est un détail dans l'histoire qui nous concerne (à savoir le problème Nature/Culture) mais je me suis permis de la rejeter (d'autant quand elle vient des grecs) parce qu'elle relève simplement du ministère de l'identité humaine. Evidemment quand les girafes seront à la ville, on peut imaginer que la définition de l'humanité ait changée, donc que celle d'aujourd'hui est déjà fausse. Donc non, je ne reconnais pas la pensée comme caractéristique de l'humanité (ni dans le sens de l'exclusivité de la pensée humaine - théorie especiste négligeant les effets de l'évolution ; ni dans le sens de l'accès à la pensée comme entrée dans l'humanité - théorie négligeant le caractère biologique de l'humanité). Il nous faut faire une distinction plus simple : les penseurs pensent, les autres non, qu'est-ce que l'humanité a à voir là-dedans?

Ensuite, et beaucoup, beaucoup plus important, la justification par la nature est une théorie religieuse parallèle à celle qui justifie par la volonté de Dieu. Cher camarade, vous en comprendrez facilement l'aspect contre-révolutionnaire. Mais il me faut pousser plus avant, où est la révolution si nous nous contentons d'obéir aux commandements la Nature? N'est-ce pas dans le but d'échapper à la tyrannie de la fatalité que les soviets se sont unis pour renverser leurs maîtres? N'est-il donc pas nécessaire de combattre la justification par l'ordre supérieur pour défendre la réflexion bâtie à la sueur de cerveaux en mal de justice?

Cher camarade, je me vois dans l'obligation de faire rapport sur votre manque consternant de lucidité révolutionnaire qui confine à la trahison. Je crains que mon procès truqué ne soit le vôtre et vous souhaite donc un agréable voyage.

Anonyme a dit…

Oulalah, elle est mal barrée, la révolution!
S'il faut passer des plombes à se torturer le cerveau pour comprendre, je passe mon tour.
Au départ, ton billet, VLG, j'avais tout compris, il me semblait limpide.
Mais là, je commence à me poser des questions ...
J'ai vraiment raté un gros épisode: je n'avais pas vu tout ce qu'il y avait derrière. Ah, je suis vraiment nulle.
Et si je comprends bien, tes écrits pourraient te valoir cent ans de goulag. Ouille!

Cela dit, je vais être affreusement terre à terre dans mon com': je suis d'accord avec ce que tu dis (ce que j'ai compris, évidemment)SAUF.
Sauf quand tu traites ceux qui crament les gymnases de petits cons.
(Là, je sens que, moi aussi, je vais mal finir, parce que ce n'est pas PC).
Mais je pense que les cons (et gros, en plus), ce sont ceux qui passent les allumettes en leur disant "Allez, vas-y!t'es pas cap'".
Ce sont ceux qui les traitent de racaille. Ceux qui les contrôlent deux - trois fois par jour, qui les fouillent, qui les humilient, qui les méprisent et qui les narguent.
Ce sont ceux qui laissent entendre que la mort de deux enfants importe peu, que de toute façon, ils n'avaient qu'à pas faire les cons, et qui exonèrent ceux qui sont censés représenter la loi.
Avec la bénédiction du pouvoir.

S'ils s'attaquent aux institutions, c'est que les institutions n'ont pas fait grand chose pour eux.
(Dans les ZEP, par ex., il y a deux élèves de plus par classe qu'ailleurs.Est-ce normal?).
Mais aussi, s'ils s'attaquaient aux habitations, qu'en dirait-on?

A eux, on leur demande d'être "méritants", de baisser les yeux, de justifier constamment qu'ils sont honnêtes - et là, en plus, on leur rit au nez.
On leur interdit même de se retrouver en bas de leur immeuble.

Vous entendez parler de gosses de riches en prison?
Et pourtant, faut pas croire, ils se droguent ou se biturent dans leurs pince-fesses.
Il y en a aussi qui circulent sans casque sur des mobs.
Il y en a même qui font des gestes obscènes et qui s'enfuient quand ils ont provoqué un accident.
Pourquoi ils ne sont pas en taule, ceux qui commettent les mêmes délits que les autres?
Pourquoi s'en sortent-ils toujours?
Quand la loi est inégalitaire, elle crée des rancoeurs, de la rage et des révoltes.
Et quelqu'un l'a dit, je crois, ce sont, finalement, les seuls résistants à un système qui nous enferme sous une chape de plomb.
Il faut dire que cela commence par eux et leurs familles (qu'on montre du doigt; qu'on veut punir, de surcroît en leur supprimant une partie du peu de revenus qu'ils ont).
Alors, les méthodes sont brutales, certes.
Mais si on ne veut pas que cela se passe ainsi, il faut des remèdes -des vrais - et pas attendre qu'ils en arrivent au point de non retour.
Parce que le point de non retour, c'est nous tous qui en sommes responsables.
C'est à nous de ne pas laisser faire.
Et que faisons-nous, nous, pendant ce temps? Un tour de manif et des beaux discours ampoulés.

Anonyme a dit…

@kaos : Merci pour cette présentation de tes idées sur l'humanité. La définition de l'Homme est finalement une question bien vaste et complexe quand on y pense d'un point de vue autre que biologique.

Sur la justification par la nature, jamais le politburo ne s'est rendu coupable de ce qui à tes yeux est une pensée contre-révolutionnaire (relis notre premier commentaire). C'est mc qui a parlé de la nature humaine ; nous n'avions pas besoin de ça pour dire que la droite, c'est mal. Et le politburo n'est pas spécialement un partisan de l'ordre établi par la nature, Dieu, l'autorité, ou quoique ce soit. On préfère nettement "la réflexion bâtie à la sueur de cerveaux en mal de justice".

Donc tes accusations, cher camarade, sont parfaitement infondées et seront des pièces à conviction de ta mauvaise foi. Achète aussi des mouffles.



@emcee : Ne te laisse pas embrouiller. On est contents que notre billet soir clair ; si tu l'as compris, c'est l'essentiel.
Le débat sur la nature humaine, la définition de l'Homme, c'est autre chose (et on n'avait même pas pensé que cette quesiton se poserait).

Quant au jugement moral des émeutiers, là encore, c'est un autre sujet que la distinction "explication-excuse". Pour faire court, on est plutôt d'accord avec ce que tu as écrit (notamment la fine allusion à Jeannot Sarko).

Il nous faudrait maintenant faire 3 nouveaux billets :
- un pour suggérer des explications à ces flambées de violences dans les banlieues (on a déjà largement commencé ici).
- un autre pour dire ce qu'on pense moralement de ceux qui participent aux émeutes (on s'est un peu embalés en parlant de "petits cons", reconnaissons-le).
- un dernier pour juger ceux qui sont responsables de la situation pourrie actuelle dans les banlieues, c'est-à-dire des causes des émeutes d'après le premier billet.

Il convient de ne pas tout mélanger, sinon ça devient de la bouillie : on ne peut pas excuser certains parce que ce que font d'autres est plus grave, on ne peut pas refuser d'expliquer parce qu'on n'excuse pas, bref, tout est lié mais il ne faut pas tout embrouiller.

vlg a dit…

hum, le commentaire sur la gestion des commentaire sur VLG n'est pas très clair.

Tachons d'expliciter :

On considère 3 types de commentaires :

1) Le commentaire intéressant, celui là bien sur on le laisse. Notons qu'on met aussi dans cette catégorie des commentaires qui nous contrediraient complètement (même si c'est peu probable qu'il en existe, ark, ark)

2) Le commentaire pas spécialement interessant, mais bon. On le laisse aussi.

3) Le commentaire de merde, plus connu sous le nom de "gros troll". Dans ce cas, soit on à la flemme ou on considère qu'il est au final inoffensif et on le laisse.
Soit on ne veut pas le laisser sans réponse et on le laisse aussi (en y répondant).

Soit on considère que c'est vraiment de la merde (ou du gros troll), et on a pas envie de se fatiguer à répondre et on le vire sans remord.

Anonyme a dit…

Aidons nous et le ciel nous aidera.
L'effet de la révolution est morte. Il faut une nouvelle révolution parce que la gauche s'est embourgeoisée et plus personne ne nous représente.

Kaos a dit…

Camarade Vlg, je crois que nous sommes victime d'un agent de l'Ouest infiltré. Mc a conduit à la zizanie entre camarades orthodoxes et devra passer le reste de sa vie à poser les traverses qui nous lieront pour de bon avec nos amis chinois (qui bien que jaunes, n'en sont pas moins rouges).

Gardez l'Oeil ouvert, camarade, l'ennemi est parmi nous.

Anonyme a dit…

@emcee
Conclusion : emeutons nous.

@Souleymane
Dire que la gauche s'est embourgeoisée est une erreur d'interpretation. C'est même une fausse excuse resultant d'une mauvaise perspective, la classique Capitaliste vs classe laborieuse.
En réalité, il existe une troisieme classe, nommé elite, cadre et compétants ou gestionnaire. Historiquement, cet classe a eu un instant de sympathie pour la classe laborieuse, c'est la vague des reformes socialisantes de l'Etat français. Puis, comme les gestionnaires s'allient selon son humeur dans la lutte des classes, vint la trahison, Mitterand en France, Reagan ou Thatcher ailleurs...

Qu'est ce qu'être de gauche si ce n'est pas soutenir les partis politiques dit de gauche (ps, lcr, pcf, vert) ?
Regarder en politique de l'horizon vers l'individu, pas l'inverse.
Dès lors, on peut dire que la fraude dans le metro ne resulte pas que d'un choix, mais que quelque chose a permis ce choix. Mais, avec une perspective absurde, on ne voit que des choses absurdes.
La notion même d'individualisme se revèle absurde. Elle néglige le fait que le singulier nait et se meut dans une structure, pire, que sans la structure, ce singulier ne serait pas le même. Comment prononcer le mot "individualisme" sans une langue ? Et qu'est ce qu'une langue sinon le don d'une société à un individu ?
Conclusion, le mot individualisme est une contradiction en ses termes, une faute logique.
Vu qu'il est permis par le langage, et que le langage est permis par une structure sociale. Placer l'individu avant la société, c'est nier le producteur de sa production...

coco_des_bois a dit…

Excellent article du politburo.

La sociologie fait partie de ces sciences qui sont invisibles au grand public. On ne peut y arriver que par un chemin plus ou moins compliqué, et c'est un travail personnel.
Les médias dominants réservent aux "gens" les sciences propres, celles avec une blouse blanche, celles où l'expert est aussi tranchant que possible. Cette science qui plait tant à Nabot 1er, pour ewpliquer génétique et autres conneries.

Il ne reste plus qu'à étaler une couche bien épaisse de pseudo philosophes réacs et on endort tout esprit critique.

merci pour tout

Anonyme a dit…

@ "anonyme":

Non, PAS: "conclusion: émeutons-nous"!
Ce n'est absolument pas ce que j'ai dit en substance. J'aimerais bien qu'on ne déforme pas mes propos de façon péremptoire.
Mais apparemment, nous ne parlons pas le même langage.

Conclusion: nous devons nous unir pour résister parce que le pouvoir en place attend justement ce genre d'incidents pour casser toutes les luttes et diviser le pays encore plus et museler tout le monde. A la Thatcher, à la Reagan.
Avez-vous seulement remarqué que le gouvernement et les médias se sont acharnés à discréditer tout à tour les gévistes, les jeunes de Villiers-le-Bel et maintenant les étudiants - qu'on a sortis manu militari des facs sous les applaudissements?
Ont-ils tous tort? Y en a-t-il qui ont plus raison que d'autres?
Avons-nous les éléments pour juger?

http://blog.emceebeulogue.fr/

NB: il n'est pas bien compliqué de se choisir un pseudo et de s'y tenir. Cela éviterait la confusion entre les différents intervenants "anonymes".

DJ dingo a dit…

@emcee
Je n'avais pas choisi l'anonymat, c'était un caprice technique.

Mes propos concernés seulement mon pessimisme envers la manifestation pacifiste et/ou à strategoie mal placé. Sans atteinte aux conditions matérielles de l'Etat, il n'a qu'à envoyer ses CRS, qui équipé et entrainé pour maitriser une foule, auront toujours raison d'elle.

vlg a dit…

@ kaos : Bien, rien de tel que de se trouver un bouc émissaire social-traitre pour se réconcilier en tapant dessus !

@ souleymane et anonyme de 02:24 : On a indéniablement un problème de représentation à gauche. Aucun des partis actuels ne convient. Certains fondent de grands espoirs sur le NGPA initié par Besancenot et la LCR, on verra... Ça ne nous empêche pas de définir la gauche autrement que par l'appartenance à un parti, et de continuer à y réfléchir ensemble.

@ coco des bois : Merci.
C'est vrai que la sociologie n'a pas bonne presse, science "molle" par opposition aux sciences "dures", les vraies. Comme elle touche à notre vie quotidienne, tout le monde a l'impression qu'il peut en faire, accoudé à son comptoir (ce qui n'est pas le cas de la physique nucléaire par exemple). Alors qu'en fait, ça nécessite beaucoup de connaissances, d'analyse et de méthode ; il suffit d'écouter des types comme Loïc Wacquant pour voir à quel point on a besoin des sociologues.

@ emcee : On est d'accord, il faut s'unir et résister, particulièrement face aux médias du PPA qui sont pourris jusqu'à l'os. Le net peut nous y aider, pour entendre un autre son de cloche que celui qui passe à la télé (via ton joli blog par exemple), mais ça ne fait pas tout.

@ Matam42 : Certes, depuis 2003 environ, on dirait que les manifs pacifiques, le gouvernement n'en a rien à foutre. Les brûlages de voiture ou les caillassages de bus non plus d'ailleurs. Quand on commence à bloquer des facs, ça devient plus efficace, on dirait, même si les CRS sont toujours capables de venir libérer les étudiants pris en otage à grands coups de tonfa sur les barragistes. C'est là que tu veux en venir par «atteinte aux conditions matérielles de l'Etat» ? Bloquer aussi les transports en commun, les écoles, les administrations ?



PS: Ceci est le 30ème commentaire sur ce billet, record explosé ! Gloire au politburo, et merci à vous pour vos contributions intéressantes. Stay tuned, comme on dit !

Anonyme a dit…

VLG, 31°
certes, le net, mais c'est pas tout. Loin de là, puisque, comme partout, on ne convainc que les convaincus. Et on se tient chaud entre nous. A part qqs trublions en mal de sensations fortes.
Pour toucher la population, il n'y a, d'après moi, que le contact direct. Aller les chercher un à un avec les dents, comme dit l'autre.
J'ai suffisamment de casquettes pour savoir que le reste n'est que littérature.
Plus personne ne fait rêver personne et cela fait des années qu'ils entendent le même discours en voyant leur situation se détériorer encore. Comment peuvent-ils y croire?
Alors, ils s'accrochent au premier bonimenteur venu.
Depuis 2003, la droite a compris qu'elle pouvait gagner en laissant pourrir les mouvements, en discréditant les grévistes et en s'appuyant sur les syndicats et les partis de "gauche", ceux qui sont engagés dans l'Europe libérale et qui n'osaient pas trop passer en force pour ne pas heurter leur "fonds de commerce".
Alors, pourquoi se gènerait-elle?
Pour le CPE, la "rue" a gagné: 1° parce que l'enjeu était minime (ils trouveraient d'autres moyens pour nous faire passer la pilule - d'ailleurs, c'est fait)), 2° Pq Villepin était aussi l'homme à abattre (pour permettre à l'avènement sans conteste de l'autre) 3° parce qu'ils avaient peur du syndrome Oussékine.
Cette fois-ci, pq l'enjeu est différent (privatisation des facs), ils ont d'abord voté la loi LRU en plein mois d'août, puis ils s'attachent à décourager le mouvement en envoyant les bottés et en disant qu'une majorité d'étudiants veulent aller travailler. Dernier point: ils sont une fois de plus bien épaulés par les syndicats.
Tout est bien rodé. Tout le monde est d'accord. Le libéralisme sans entraves passera par eux.
Le PS était d'accord pour l'allongement des retraites des cheminots, le PS a laissé pourrir la situation dans les facs et le PS (qui ne jure que par "sa" police de proximité et pas grand chose d'autre) a laissé les banlieues en l'état, créant des rancoeurs supplémentaires.
Bon j'arrête, il va quand même falloir que je vaque aux affires courantes.
Si qqun est intéressé, j'ai posté un nouveau billet sur mon blog, avec, en annexe, une réflexion sur "peut-on désobéir à la loi".

http://blog.emceebeulogue.fr/post/2007/12/09/Liberalites-equite%3A-fatalite

DJ dingo a dit…

@vlg
La question de l'efficassité de bloquer une faculté de lettre comme moyen de pression de l'état est réglé. Cela ne dérange l'état que du fait que c'est lieu de formation de radicaux anticapitalisme, défiant des médias et de l'état... Mais économiquement, fonctiellement, il n'en est pas dérangé.
Lorsque j'évoque s'attaquer aux conditions matérielles de l'état, c'est bloquer un centre des postes le jour du courrier des impôts, que les cheminots laissent rouler les trains gratuitement, etc...
Certes, ces méthodes, toujours non violente, rencontreront une repression étatique : elles sortent des moyens légitimes de lutte établi par l'Etat (grève, blocage des faculté, etc)... Mais ce sera la preuve qu'il y a rapport de force.

@emcee
Remarque sur le CPE : la mobilisation était contre la loi d'autonomie des chances. Et il n'y a qu'une vrai victoire : la mise à mort de la société dite capitaliste, où tout est une marchandise (dont l'homme, la culture, etc...).

vlg a dit…

@emcee : Tu n'es pas optimiste, mais je crains que tu n'aies complètement raison quand tu dis : «Tout est bien rodé. Tout le monde est d'accord. Le libéralisme sans entraves passera par eux.», et c'est clair que c'est pas sur le PS qu'on peut compter...

Il faut convaincre les Sarkozystes jusque dans les chiottes, pour paraphraser la célèbre formule d'un grand ami démocratique de Nikolaï Sarkovsky. Ça va être long et difficile face à des gens qui ne jurent par le nettoyage au kärcher.

Et merci pour le lien chez toi, très intéressant.


@matam42 : Merci pour ces précisions, on est d'accord.
Et on aime bien ton avatar, hu hu ! (Quoi? C'était pas une allusion à ça?)

Anonyme a dit…

@ VLG, hélas, ce n'est pas du "pessimisme": c'est dans l'ordre des choses.
Tout ce qui se fait en France aujourd'hui a déjà été testé aux US, entre autres.
Les US sont en faillite, la population exsangue et tétanisée, mais, en France, le gouvernement, le Médèfe et leurs satellites néo-libéraux sont lancés dans cette voie de destruction massive.
Il suffit d'observer les mécanismes.
Alors, il faut entrer en résistance. Je ne vois que cela.
En espérant que, toutefois, je me trompe. Evidemment.

DJ dingo a dit…

Moins glorieux, ça fait référence à The Wall de Pink Floyd (le film).

Pour les pessimistes, un espoir. L'économie mondial actuel s'appuie sur les échanges massifs de marchandise par cargo.
Le progrès technique atteint toujours un seuil auquel gagner de la productivité ne devient pas possible.
La production de petrole est inférieur à la production, pire, elle diminue.
Conclusion des premisses, ça ne va pas tenir longtemps.

Tio a dit…

C'est curieux de ne pas inclure Neuilly dans la banlieue. Et puis Neuily, c'est aussi un ghetto... De riche, tout le monde le sait, mais c'est bon de le rappeler.

Anonyme a dit…

Pas d'accord! Pas d'accord DU TOUT!

Il circule sur le net un billet qui renvoie à celui-ci pour dénoncer le terme de "petits cons" concernant ceux qui incendient les gymnases et autres.
N'ayant pas possibilité, semble-t-il, d'être publiée directement sur leur site, je viens commenter ici, en espérant être lue par tous ceux qui viendront ici via l'autre blog.

Si j'ai relevé ce terme de "petits cons", perdu dans un billet plein de bon sens, c'est que je voulais exprimer ma désapprobation sur ce qui devient courant, même dans les milieux les plus à gauche, à savoir: se prémunir de l'accusation de cautionner les éruptions de violence qui éclatent dans certains quartiers.

Mon but était de dire que la révolte (et non pas les "émeutes") est souvent déclenchée par cette impuissance de ne pas se faire entendre dans un état dit "démocratique".
Quand les conclusions judiciaires s'empressent de conclure que "non, circulez, y a rien à voir" alors qu'il y a eu mort d'adolescents, il y a de quoi être en rage.
D'où vient la violence, dans ce cas?

Que certains en profitent pour commettre des actes délictueux, voire criminels, sans rapport avec les incidents en question, c'est bien possible, également.
Mais on ne peut pas mettre tout dans le même panier.
Ni angélisme, ni amalgame.
On est d'accord là-dessus, me semble-t-il.

Mais on ne doit pas se tromper de cible non plus.
Cette réflexion ne saurait en aucun cas remettre en cause ce qui est dit sur ce blog et auquel j'adhère.

L'auteur de l'article en question pointe sur ce blog-ci, qui n'a pas pour vocation, loin de là, de tresser des couronnes à tous les pourris qui s'appuient sur les indignations qu'ils provoquent volontairement pour semer la zizanie et la haine dans un pays où gagne la gangrène.

En conséquence, allez donc chercher, monsieur "nico", si vous avez quelque souci de pertinence, des exemples un peu plus probants.
Il n'en manque point!
D'autre part, au lieu de faire un billet sournois, vous auriez pu venir en discuter ici avant.

Quand je dis que la gauche ne pourra pas se relever et s'unir parce qu'elle a plus à en découdre avec ses semblables qu'avec ses ennemis, je n'ai pas toujours tort.


http://blog.emceebeulogue.fr/

Anonyme a dit…

Désolée, je n'avais pas vu que "nico" avait, justement, donné son pt de vue ici aussi.
Mais cela n'enlève rien à ce que j'ai dit précédemment: à savoir que ce n'est pas loyal de frapper d'infâmie dans son propre blog des propos tenus sur un blog de sensibilité proche.
On a déjà assez à faire avec les bas du front, s'il faut aussi ferrailler avec le peu qui reste!

DJ dingo a dit…

@emcee

Le piolet n'existe pas pour rien...

Anonyme a dit…

bien d'accord, matam42. ;-D

vlg a dit…

Merci beaucoup emcee de nous signaler que nico nous linke (ici). C'est vrai qu'on ne se reconnait pas quand il dit : «Voilà donc la ligne à ne jamais franchir : excuser. Expliquer oui, comprendre à la rigueur, mais excuser, non.» juste après avoir cité notre billet. Nous n'avons jamais dit qu'il ne fallait pas excuser. Et nous reconnaissons que notre phrase «Ceux qui brûlent des gymnases ou des bus sont des petits cons, et tout le monde condamne ces actes.» était un peu expéditive. Nous nous sommes déjà exliqués à ce sujet dans un commentaire plus haut.

L'objet de ce billet était de démonter l'argument idiot de la droite selon lequel on ne doit pas chercher d'explications, car ce serait déjà excuser des comportements inacceptables. Or même si on trouve ces comportements inacceptables, il faut chercher à les comprendre. Le politburo, quant à lui, ne trouve pas ces comportements particulièrement inacceptables. Mais là n'est pas le sujet, il faudrait faire un autre billet pour en parler, mais il n'a pas trop le temps en ce moment. Cela dit, le billet de nico peut constituer une bonne base de réflexion...