jeudi 7 août 2008

Pendant l'été, les expulsions continuent

...sauf cas exceptionnel.
Libé Lyon relate la mésaventure d'Oussama, un lyonnais de 19 ans qui vit en France depuis qu'il a quitté le Maroc à 13 ans. Contrôlé par la police dans la rue avec des amis, il en prend pour 12h de garde à vue, avant d'être enfermé au centre de rétention de Saint-Exupéry. Diplômé en France, promesse d'embauche à la clef, il peut tout perdre s'il est renvoyé «chez lui», y compris sa fiancée française (que le ministère de l'Identité Nationale a renoncé à tondre).

Fort heureusement, étant donné son intégration et son honnêteté manifestes, le préfet a renoncé à la possibilité d'ajouter une unité à son compteur d'expulsés. Notre jeune ami a tout de même passé quelques jours en rétention, et son récit de cette expérience n'est guère enchanteur : « C'est comme une prison. Ils nous servaient de la bouffe périmée ».


Autre histoire hallucinante : cette aggression raciste et islamophobe (au sujet de laquelle ne manqueront pas de s'indigner très médiatiquement les BHL, Val, et autres Rioufol, n'en doutons pas, eux qui pourfendent l'antisémitisme avec tant de zèle). Après lui avoir demandé s'il était musulman, deux «nazis» ont passé à tabac un bon français d'origine arabe. La victime estime que ses agresseurs ont été «encouragés et libérés par un contexte général de revalorisation de l’islamophobie».
Il ne fait décidément pas très bon se promener dans la rue pour les arabes cet été... Le climat est lourd.


Lourd aussi, Brice Hortefeux :
«Il a déposé plainte contre l’association SOS soutien aux sans-papiers, qu'il accuse d’avoir incité à la révolte les étrangers retenus dans le centre de rétention administratif (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne). Deux d’entre eux avaient mis le feu à leur matelas, le 2 août, alors que l’association manifestait aux portes du bâtiment.»
(libération)
Fontenelle a déjà expliqué avec brio ici ce qu'il faut penser de ces individus qui pensent que l'homme africain n'est tellement pas rentré dans l'histoire qu'il est incapable d'avoir l'idée lui-même de révolter contre ses conditions de détentions, et qu'il n'est bon qu'à se laisser manipuler par les hommes blancs dehors. Il ne leur viendrait pas à l'idée que ces incendies pourraient être une conséquence de l'ignoble politique qu'ils mènent, dont le résultat est de parquer dans l'angoisse et dans des conditions matérielles lamentables («bouffe périmée») des hommes et des femmes sur le point de tout perdre. Libé cite l’Anafé, la Cimade, le Gisti, la LDH, la Pastorale des migrants et RESF :
«En désignant tel ou tel militant associatif et en faisant interdire une manifestation, les pouvoirs publics s’exonèrent de leur responsabilité et refusent de faire l’analyse des effets de la politique qu’ils mettent en œuvre».
On ne saurait mieux dire.


Et si on incarcérait le gouvernement au goulag, ses membres auraient-ils l'idée tous seuls de mettre le feu à leur matelas, de faire la grêve de la faim, ou des tentatives de suicide ? Il faudrait faire l'expérience...

3 commentaires:

Tio a dit…

Mais on s'en fout des rafles!!! Nous aussi on souffre et ça personne n'en parle!!!
Et puis ce qui compte, en ce moment, c'est les JO!!! Allez la France qui gagne!!!

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
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