jeudi 24 janvier 2008

Gaza

Crash boursier, manifs, ouverture du Forum Économique Mondial de Davos (avec remise de l'Oscar de la honte à Areva), censure d'un article non sarkolâtre par Moujeotte au Figaro, jugement pour outrage d'un militant qui avait écrit un e-mail à Guéant, Attali qui craque son slip... L'actualité est riche en ce moment, et le politburo, malgré son omnipotence, a du mal à suivre le rythme des indignations. Quand en une semaine tombent dix raisons de dresser des barricades, on ne sait plus où donner du pavé.

Alors allons voir ailleurs. Dans l'actualité aussi, loin d'ici, un peuple crève. Bon, sans doute d'autres aussi, mais celui-là ça fait longtemps, ça se précise, la communauté internationnale ne fait rien, et c'est un peu particulier. Il s'agit du peuple palestinien, enfermé, assiégé dans le morceau de territoire que son voisin lui a généreusement laissé : la bande de Gaza (voir carte). Depuis le 17 janvier, cette bande de terre de 365km² habitée par 1,5 millions d'habitants (soit une densité de plus de 4000 hab/km² contre environ 300 en Israël et 110 en France métropolitaine) est totalement bouclée, soumise au blocus de l'état hébreux qui contrôle ses frontières terrestre, maritime, et aérienne. Ce blocus fait riposte aux tirs de roquette sur des villes israëliennes depuis Gaza, qui sont eux-mêmes une réponse à... etc. Depuis, forcément, les denrées alimentaires de base, l'énergie, tout vient à manquer, et même les missions humanitaires de l'agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés ne peuvent plus fonctionner (libé 21/1: Gaza au bord de la crise humanitaire ; indymédia 21/1: Gaza : la première crise humanitaire au monde CRÉÉE par l'homme [ndp : oui, le titre est bizarre]).

Aujourd'hui, trois jours après la première coupure de l'unique centrale électrique de Gaza, des palestiniens se sont donc évadés de cette prison géante pour aller se ravitailler en Égypte. Le politburo de Vive Le Goulag s'afflige sincèrement de la mort et des blessures de civils israëliens touchés par des roquettes aveugles, mais condamne tout aussi fermement ce blocus. (Ça va lui faire une belle jambe à l'armée Israélienne).

En effet, il s'agit là d'une punition collective, qui frappe tout autant les activistes que les citoyens palestiniens non violents, les enfants, les vieillards, les femmes... un million et demi d'êtres humains, sciemment affamés. C'est pas mieux que d'envoyer des roquettes au petit bonheur la chance. Difficile pour Israël de reprocher au Hamas de prétendre vouloir la destruction d'Israël quand dans les faits, Israël semble vouloir l'exterminaton des palestiniens. Ce comportement totalement inique d'Israël ne peut qu'entretenir un cycle de violence et de revanche, comme depuis 50 ans en fait.

C'est pour nous l'occasion de vous recommander la lecture de Torture Blanche, de Philippe Squarzoni, aux Requins Marteaux. C'est un témoignage sur le quotidien des palestiens dans les territoires occupés, les contraintes imposées par les check points, les couvre-feux, les colonies, les contrôles, les humiliations, la violence... Indispensable pour comprendre leur point de vue.


Le bouclage de Gaza s'apparente bel et bien à de la tortue blanche : on ne touche personne, mais la misère et la tension qu'organisent cette situation portent bien atteinte aux habitants.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je recommande aussi la BD en 2 volumes de Joe Sacco parus chez Vertige Graphic : "Palestine , une nation occupée" et "Dans la bande de Gaza". C'était paru à l'origine chez Fantagraphics entre 1994 et 1996 aux US. La situation est devenue pire entre-temps...