jeudi 9 octobre 2008

Imprudence ayant entrainé la mort par tabassage

Vous souvenez-vous d'Abdelakim Ajimi ? Ce jeune homme avait été, selon plusieurs témoignages, littéralement battu à mort début mai par des policiers de la BAC, en pleine rue à Grasse. Pour mémoire, voici un extrait de la description des faits par un passant : «Il était violet, il demandait à respirer. Il a pris deux coups de poing, deux bonnes pastèques.» Nous en avions parlé ici-même.

Eh bien cette affaire n'est pas terminée. Il y a eu une enquête du parquet, ouh la la, attention, ça rigole pas, dont le Monde nous communique le résultat sous le titre :
Une "imprudence" policière pas exclue après la mort d'un jeune à Grasse
Tout d'abord, on remarque au passage qu'étant prénommée Abdelakim, la victime n'est pas désignée par Le Monde comme "un homme" ou "un jeune homme" (22 ans), mais "un jeune" (sous-entendu : un racaillou à casquette et à la peau un peu foncée).

Mais le plus frappant (si l'on ose dire), c'est la qualification d'«imprudence» employée par le parquet. Encore plus circonstancié, le procureur adjoint de Grasse estime, au vu des résultats des analyses anatomo-pathologiques récemment communiqués aux juges d'instruction :
«on a l'impression qu'il y a peut-être eu de la part des gardiens de la paix une mauvaise prise en compte des règles qu'ils appliquent normalement pour maîtriser les gens quand ils se rebellent. La durée de la maîtrise a peut-être aussi été trop longue»
Peut-être.

Citons un autre témoignage de l'époque, pour aider la justice : «Pendant les vingt minutes où j’étais là, il ne lui a pas lâché le cou. Il le serrait très fort.»
Peut-être que 20 minutes de strangulation, c'est un peu trop long...

Peut-être.


Une "imprudence" ou une "mauvaise prise en compte des règles habituelles", c'est quand on néglige un détail de sécurité, et que ça peut avoir des conséquences. Quand on oublie d'attacher sa ceinture de sécurité par exemple, ou qu'on s'engage dans une rivière sans avoir consulté la météo qui prévoit des orages, ou quand on laisse trainer des produits dangereux à la portée des enfants... C'est plutôt quelque chose de passif, une négligence. Ça n'est pas quand on commet activement quelque chose de dangereux pour autrui, comme jeter des cailloux sur une voiture depuis un pont sur l'autoroute, ou planter un couteau dans le ventre d'une petite fille (ce qui n'est certes pas très prudent, ni en conformité avec les règles habituelles non plus).

Quand on serre le cou d'un homme à terre jusqu'à ce qu'il devienne violet, et qu'il en meurt quelques minutes plus tard, c'est un homicide. Sauf quand on est policier dans la France d'aujourd'hui et que le mort est arabe. Alors, c'est une imprudence. Et «c'est aux juges de décider d'une éventuelle mise en examen des policiers en cause pour homicide involontaire». Et surtout pas pour «coups et blessures ayant entrainé la mort (avec ou sans intention de la donner)» ?


Notez-le dans un coin de votre mémoire : si un jour vous jetez un pavé à la gueule d'un flic, vous expliquerez tranquillement au procureur que vous avez «peut-être», par mégarde, commis à peine une «imprudence», avec seulement une «mauvaise prise en compte des règles habituelles» de courtoisie envers les forces de l'ordre.

5 commentaires:

Partageux a dit…

Bel article ! Tu en seras récompensé dignement. Un tel humour mérite bien en effet ses trois ans de stage dans la tentiaire.Et l'on se prend à regretter que notre beau pays ne possède pas une Sibérie orientale pour corser un peu ce futur tirage d'oreille. Et ne possède plus un établissement hôtelier à Saint-Laurent du Maroni près de Cayenne où, aux frais de l'État, tu pourrais réfléchir longuement à la mauvaise image que tu donnes de nos forces de police avec tes écrits tendancieux.

En version très soft l'action de notre bien-aimée keufferie donne ceci. Ce soir je faisais la maraude. On donne un café, un peu de bouffe et surtout on cause à des pauvres bougres qui vivent dans la rue. Avec moi il y avait cinq jeunesses qui commencent leurs études dans les carrières sociales. Bien sapées les petites minettes. Nous étions en pleine discussion sur une place avec quelques marginaux du genre vraiment inoffensif. Bien paisible la discussion. Pas de quoi effaroucher les pigeons en train de bouffer entre nos pattes. Arrivée d'une bagnole de flics. Dégagez ! À qui est ce sac posé sur le banc ? Enlevez-moi ça tout de suite ! Et ces chiens ? Emmenez-les tout de suite ! Et les autres, circulez ! Bon, on a circulé. Pour se retrouver à cinquante mètres de là mais de l'autre côté du pâté de maisons. C'était le deuxième vidage de la soirée.

J'ai expliqué ensuite à mes petites futures travailleuses sociales qu'il était inutile de discuter avec les keufs. Que le seul reproche fait aux marginaux est celui d'exister. Qu'on leur demande seulement de disparaître. Et que ce n'est pas ça qui va leur permettre de se structurer une personnalité épanouie quand beaucoup ne vont déjà pas bien du tout dans leur tête...

Tonton Hub

Partageux a dit…

Bel article ! Tu en seras récompensé dignement. Un tel humour mérite bien en effet ses trois ans de stage dans la tentiaire.Et l'on se prend à regretter que notre beau pays ne possède pas une Sibérie orientale pour corser un peu ce futur tirage d'oreille. Et ne possède plus un établissement hôtelier à Saint-Laurent du Maroni près de Cayenne où, aux frais de l'État, tu pourrais réfléchir longuement à la mauvaise image que tu donnes de nos forces de police avec tes écrits tendancieux.

En version très soft l'action de notre bien-aimée keufferie donne ceci. Ce soir je faisais la maraude. On donne un café, un peu de bouffe et surtout on cause à des pauvres bougres qui vivent dans la rue. Avec moi il y avait cinq jeunesses qui commencent leurs études dans les carrières sociales. Bien sapées les petites minettes. Nous étions en pleine discussion sur une place avec quelques marginaux du genre vraiment inoffensif. Bien paisible la discussion. Pas de quoi effaroucher les pigeons en train de bouffer entre nos pattes. Arrivée d'une bagnole de flics. Dégagez ! À qui est ce sac posé sur le banc ? Enlevez-moi ça tout de suite ! Et ces chiens ? Emmenez-les tout de suite ! Et les autres, circulez ! Bon, on a circulé. Pour se retrouver à cinquante mètres de là mais de l'autre côté du pâté de maisons. C'était le deuxième vidage de la soirée.

J'ai expliqué ensuite à mes petites futures travailleuses sociales qu'il était inutile de discuter avec les keufs. Que le seul reproche fait aux marginaux est celui d'exister. Qu'on leur demande seulement de disparaître. Et que ce n'est pas ça qui va leur permettre de se structurer une personnalité épanouie quand beaucoup ne vont déjà pas bien du tout dans leur tête...

Tonton Hub

vlg a dit…

Merci Tonton Hub pour ces compliments et ce témoignage (mais t'avais pas besoin de nous l'écrire en double ;-) ). Tout ça est très cohérent : on dirait que la police a désormais pour fonction d'éliminer tout ce qui n'est pas pile-poil dans le droit chemin, avec les cheveux courts et bien peignés ; et par tous les moyens.
Police=milice, disait l'autre...

Anonyme a dit…

article clair et qui resume bien la situation actuelle.
comme a chaque fois que le pouvoir le permet ,les flics se lachent..;ce n est helas pas nouveau.je me rappelle du 1er passage de Pasqua au ministere de l interieur..a peine nommé il fallait les voir les pandorres (jaillissant de leur boite...)
abus a tous les etages ...
et la ? ben ils sont en confiance .
alors ca recommence.
jeunes ou moins jeunes ,marginaux ou pas tout le monde doit faire gaffe le moindre motif leur servira...

Makhno

Anonyme a dit…

En France on n'a pas de Sibérie mais on a mieux , on a la Terre Adélie et c'est encore plus froid que la Sibérie.

T 34